mardi 9 mai 2017

"Twin Peaks: Le Retour" de David Lynch


La série culte de David Lynch est de retour. Lui qui a fait ses adieux au grand écran, investit de nouveau le petit, ce jardin abandonné aux mauvaises frayeurs rampantes et bons sentiments sirupeux. Ce bouillon de sous-cultures, David Lynch le connaît bien. Il y a cultivé les nymphéas de ses obsessions et pêché ses plus belles idées. Des vidéos amateurs de Lost Highway à la mise en abyme télévisuelle d’Inland Empire, en passant par l’ouverture cathodique de Twin Peaks: Fire Walk With Me, le petit écran n’a eu de cesse de nourrir le grand œuvre de David Lynch. C'est cette boîte à images qui meuble la chambre obscure de notre inconscient et du sien, et fait partie de notre quotidien bien plus que le cinéma. Lynch a bien essayé d'émouvoir le grand public à travers ses films, mais a surtout touché le petit club des cinéphiles. La série télévisuelle Twin Peaks fut l’exception. Elle lui permit d’emporter l’enthousiasme d’un public bien plus large.

Ce retour aux sources de sa série culte répond probablement à son envie de faire de nouveau chialer tous ceux qui ont perdu le sens des télé-réalités. Faire vibrer les amateurs des super-pornos de Marvel et trembler les adorateurs des zombies du PAF. Nous faire passer de l’autre côté du miroir médiatique. Nous faire pénétrer la chambre rouge d’Hollywood, la fabrique à rêves, le cauchemar de tout réalisateur qui veut donner de la profondeur à un cinéma trop formaté et superficiel.

Hollywood, c’est là-bas que nous vivons tous, l’antichambre où se forment nos opinions et se perdent nos illusions. Hollywood, ce succube qui aspire à nous retirer tout désir d’investir le réel, lui qui a tout empire sur nos sens, il donne aux petits la folie des grandeurs et aux grands de ce monde l’ivresse des pires bassesses. Petit à petit, du grand au petit écran, des fakes news au storytelling, il nous transforme en spectateur apathique de la chute de nos démocraties.

David Lynch reviendra peut-être à ses premières amours, la rose bleue, l’héroïne de sa jeunesse : Feue Marylin. La nymphe, le diptyque, elle, lui, qui dans l’amour se sont perdus, se sont trouvés. Eprise de détours, jumelle dans ses atours, cette double vie s’écroula sous nos regards ahuris et nos esprits abrutis par l’industrie du divertissement. Des paillettes, des étoiles, elle a été engouffrée par Hollywood et dévorée par sa machine à nous raconter des histoires. Nous avons déjà oublié, nous l'avons déjà rangée dans notre collection de films et séries télé à ne plus regarder. Le passé est bien vite passé. Il ne tient qu’à un fil de poussière, une poudre de perlimpinpin, qui nappe nos souvenirs sérialisés.

Aide-nous David à atteindre des sommets de beauté et quitter ce monde des images en douceur, aide-nous à trouver les mots qui auront un jour prise sur nos cœurs et notre destin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire