mardi 29 mars 2011

'Au-delà du réel' de Ken Russell


La mémoire des premiers hommes est inscrite dans nos gênes et peut-être même celle des premiers temps. Le rêve de tout scientifique mégalomane est de remonter ce courant qui coule dans nos veines jusqu’à la naissance du monde, de percer le secret de nos origines. C’est le projet pas si fou de l’homme de science incarné par William Hurt, au regard perçant, à la sensibilité vive ; son talent crève déjà l’écran dans ce premier rôle déterminant pour sa carrière d’acteur de second plan. L’amour de la vérité perdra ce scientifique tourmenté par la mort prématurée de son père ; l’amour d’une femme le ramènera à la vie et lui fera réaliser que si l’homme nait dans un cri de souffrance, sa conscience meurt dans un cri de jouissance. Cet instant impénétrable, ce climax, il veut l’explorer, l’observer, le théoriser et le revivre pour l’éternité. Il veut se voir sur son lit de mort, détacher l’âme de son corps, saisir cet instant qui échappe à tout homme. Etre et ne pas être, telle la question à laquelle il voudrait répondre sans détour et c’est l’amour qui lui donnera une réponse consternante, ambiguë : la conscience de l’homme ne se révèle que dans son désir de se perdre et la science continue à chercher vainement, mais consciemment, une vérité qu’elle n’oserait trouver. Percer le secret de la vie signerait sont arrêt de mort. Elles cultivent ainsi son mystère en s’efforçant de le démystifier. Nous voudrions bien comme lui tenir le plaisir jusqu’au bout, ne pas laisser la fin venir, mais enfin elle nous emporte dans une explosion effrayante de couleurs et nous rappelle que pour jouir de la vie, nous ne pouvons oublier son lot de souffrances.

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