tag:blogger.com,1999:blog-88801471145687733612024-03-23T11:17:51.536+01:00Courte Plume« L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit, et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. » Marguerite Duras
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.comBlogger65125tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-57800655525188120642018-01-27T02:52:00.002+01:002024-03-21T21:59:09.288+01:00'Inside' de Playdead<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgByjG3HPhuBwtwnXdLMTu7p9v7Xv__IMqrBIokuXT3NRRwjkad-UuV1DcAbmdT69KspflVnkj8e07VT6Lv1S_lvP6HLB4kQjF5Rhi4UwB5h1B07UNaxEHY4aBMOq0pNOl864oHlYNwUw/s1600/Leda_-_after_Michelangelo_Buonarroti.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="677" height="295" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgByjG3HPhuBwtwnXdLMTu7p9v7Xv__IMqrBIokuXT3NRRwjkad-UuV1DcAbmdT69KspflVnkj8e07VT6Lv1S_lvP6HLB4kQjF5Rhi4UwB5h1B07UNaxEHY4aBMOq0pNOl864oHlYNwUw/s400/Leda_-_after_Michelangelo_Buonarroti.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
Extérieur/ Intérieur: sortir du bois; sortir de soi. Les yeux rivés sur mon iPhone, je ne vois pas grand-chose de cette nuit dense. Du bout de mon index, j'explore une histoire obscure que je ne veux pas comprendre. Je suis un enfant en fuite. Je le serai toujours. S'émanciper, n'est-ce pas notre but à tous ? Retour à l'écran.<br />
<br />
Il est difficile de prêter attention aux détails; il faut avancer le coeur battant. S'ouvrir au monde des possibles, c'est enivrant au début; puis on s'habitue à l'impossible. Le plaisir et la souffrance de la linéarité, il n'y a que ça de vrai. Qui apprécie vraiment la liberté ? Des liens familiaux aussi forts que ténus; des amitiés aussi charnelles que fragiles; et des amours qu'on rêve enflammées et voit s'éteindre dans des silences étouffants. Qu'y a-t-il de plus apaisant et chaleureux qu'un feu mourant ? Je perds le fil du <i>scrolling</i> parallaxe alors que le plan suit sa séquence comme un orgue dévorant sa musique.<br />
<br />
Il y a des caissons singuliers dans le décor. Que font-ils au milieu d'une forêt ? Les scories d'un passé futuriste. Des voyageurs du temps. Eric Chahi. Another World. Half Life. Passons. Les jeux vidéo n'ont pas d'histoire. Le présent ludique est poisseux. Je me retrouve au milieu d'une ferme où jonchent des cadavres de porcs. Je continue mon chemin et laisse ma pensée s'égarer dans les répliques médiatiques du séisme Weinstein.<br />
<br />
Je me souviens d'avoir aimé cette fille de ma classe préparatoire pour les hautes études commerciales. Ma concupiscence était aussi irrépressible que ma volonté névrotique d'y résister. J'avançais à pas de loup, déployant des trésors de romantisme désuet, mais mon incapacité à lui voler un baiser devait tant l'exaspérer que lui vint l'idée ou peut-être le désir inconscient de me trouver un rival. Elle jeta son dévolu sur un de mes amis qui médusé par son charme finit par me haïr et me mettre à genoux. Sa démonstration de violence bête et méchante à mon égard eut raison des atermoiements de la belle; elle se jeta dans les bras de son vainqueur dont la bile et l'aigreur l'érigèrent à ses yeux au rang d'irrésistible séducteur. Elle ne voulait pas que je sois charmant, prévenant, gentil. Elle voulait que je lui rentre dedans comme un porc.<br />
<br />
Je suis cet enfant qui rêve de pouvoir user de son imaginaire pour réveiller cette nature que nous - zombies du quotidien - avons oubliée, cette rage, cette violence, qui malgré ses débordements monstrueux parfois, amèneront à pas de loup, l'humanité à embrasser son aube dorée.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
Leda and the Swan</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
A sudden blow: the great wings beating still</div>
<div style="text-align: center;">
Above the staggering girl, her thighs caressed</div>
<div style="text-align: center;">
By the dark webs, her nape caught in his bill,</div>
<div style="text-align: center;">
He holds her helpless breast upon his breast.</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
How can those terrified vague fingers push</div>
<div style="text-align: center;">
The feathered glory from her loosening thighs?</div>
<div style="text-align: center;">
And how can body, laid in that white rush,</div>
<div style="text-align: center;">
But feel the strange heart beating where it lies?</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
A shudder in the loins engenders there</div>
<div style="text-align: center;">
The broken wall, the burning roof and tower</div>
<div style="text-align: center;">
And Agamemnon dead. Being so caught up,</div>
<div style="text-align: center;">
So mastered by the brute blood of the air,</div>
<div style="text-align: center;">
Did she put on his knowledge with his power</div>
<div style="text-align: center;">
Before the indifferent beak could let her drop?</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
W.B. Yeats</div>
<br />
<br />
<br />Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-71658240753143067122017-12-18T23:39:00.000+01:002017-12-28T21:19:02.638+01:00"La quatrième dimension", Saison X, Episode 1: "Entrez!"<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWKVfSnEiJWz2A1FpM3U9RnH4tkPV5LSALk-XaqRHvGLujkTkVSAfGBrp_bht6rWdY8sW1WjjGIoH2tfHSfG16XltSSJRdpVRuKNCbYwLeegieFBgJmiVTbEkcFDlT2n50s0pgTSdzHw/s1600/Magritte-LActe-de-Foi.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1190" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWKVfSnEiJWz2A1FpM3U9RnH4tkPV5LSALk-XaqRHvGLujkTkVSAfGBrp_bht6rWdY8sW1WjjGIoH2tfHSfG16XltSSJRdpVRuKNCbYwLeegieFBgJmiVTbEkcFDlT2n50s0pgTSdzHw/s400/Magritte-LActe-de-Foi.jpg" width="296" /></a></div>
<br />
Ma porte, elle s'ouvre avec la clé de l'imagination. Au delà, il y a une autre dimension. Une dimension sonore, visuelle, mentale, un royaume fait d'ombres et de l'essence de toute chose, des objets de ma pensée et de sujets insensés.<br />
<br />
Bienvenue, les amis ! Vous venez d'entrer dans ma quatrième dimension à la con.<br />
<br />
Je me présente: Jeffrey Beaumont, la quarantaine mal assumée. J'ai manqué mon adolescence - elle m'est passée sous le nez - et ne sais m'en extraire, gardant les illusions et les maladresses de mes jeunes années, tout comme les envolées lyriques et décalées de ceux qui ne sauront jamais aimer.<br />
<br />
J'écris de temps en temps. Je crois que mon salut réside à la dernière page d'un roman inachevé. A quoi bon vivre si tout a une fin? Vivre sans avoir vécu, c'est vivre sans fin, n'est-ce pas? Je crois en cette idée qu'il faut mieux être un écrivain raté qu'un raté tout court, mais je suis déjà à court d’idées et je passe à la suivante, celle qu'il faudra bien achever un jour ou un autre, six pieds sous terre et le pissenlit entre les dents.<br />
<br />
Elle s'approche. Je le sens. Je sais que le temps m'est compté désormais, que je perds mes cheveux, que je dois trouver vite un sens à ma vie. Il y a ma femme, idéaliste éperdue; il y a mon fils, un ange qui m'est échu. Déçu? Je ne le suis nullement. Je voudrais juste compter pour ceux qui restent, qui continuent à rêver, tout simplement.<br />
<br />
Je m'accroche. J'attends, nu comme un vers à la Houellebecq, le compte en banque à sec. Il est encore temps de refaire ma vie comme au premier jour, de renaître à chaque mot, chaque verre. Je pense à ma femme, mon fils, mon père, ma postérité. Je voudrais juste pouvoir compter les jours qui me séparent de l’éternité.<br />
<br />
Mais attendez! J'entends frapper...<br />
<br />
<br />Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-44100548832162651352017-12-18T21:53:00.001+01:002024-03-21T22:00:27.956+01:00"Je t'aime, je t'aime" d'Alain Resnais<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVf2i92t0pqS4ImHfK4TYYYqAe5kft1Z0DysB9jFTG-oCLJ_XQlW0JxpNfUVs9Ssowx3KccKx23w48HbIoCO14pVxUyLA33TRKiU9XwDVOOhKNzdsvbIJf_v2nWPMa-7X8qdBu_8NLyg/s1600/jetaime_jetaime_jr_2-799x536_c.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="536" data-original-width="799" height="267" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVf2i92t0pqS4ImHfK4TYYYqAe5kft1Z0DysB9jFTG-oCLJ_XQlW0JxpNfUVs9Ssowx3KccKx23w48HbIoCO14pVxUyLA33TRKiU9XwDVOOhKNzdsvbIJf_v2nWPMa-7X8qdBu_8NLyg/s400/jetaime_jetaime_jr_2-799x536_c.jpg" width="400" /></a></div>
Il me faut faire court. Le temps presse. Personne n'a le temps de me lire ou alors j'ennuie. Pas de style, pas de fond. Au fond, pas le temps. Rester sur l'essentiel et l'air du temps, c'est ce qui importe. Je cherche. Je cherche. L'amour c'est l'essentiel, certes, mais y penser me blesse. Comment s’y prendre ? J'entends des rires. Je pose mes doigts sur mes lèvres. Mes pensées, je vous les offre comme un baiser. J'ai toujours cru que vous les partagiez. Penser à quelqu’un, y penser fort, c'est comme ne rien penser, n'est-ce pas ? Les marques d'affection à moins qu'elles ne se remarquent ne laissent aucune trace. C'est ici que je les laisse pourtant. Autant de lettres d'amour sans destinataire; tant de regrets et d'envies, de bouteilles à la mer. Mais je ne suis pas seul à attirer l’attention, à chercher l'autre et sa compassion. Je vois toutes ces photos d'enfants grandir, à venir, sur Facebook, sur Instagram. Je vois le mien, si beau, si touchant. Je vois ces joies, ces mariages à foison, ces amis autour d'une table ; un frère au sud, un frère au nord, mes parents au centre de tout ; ces paysages magnifiques, ces horizons indépassables. Je sais que c'est l'essentiel, mais tout cela m’échappe.Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-2986078786781818612017-11-14T01:52:00.000+01:002017-12-28T21:17:12.568+01:00"Wonder Woman" de Patty Jenkins<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitWv29UcTXg7tI7j9U-Ll4DFMOs0uqsCfNlkQsYGHR2bk-rJJKMjrFfJXCrEssP5-PaxLByWaIxjXhyphenhyphentT-DayGa9K19RoeYia5SacCCfMyktolMUzOI6BzlayUIFe55xsc0rB55zgftA/s1600/b8e28b21ac6374df780486aa359c34ac.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="778" data-original-width="616" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitWv29UcTXg7tI7j9U-Ll4DFMOs0uqsCfNlkQsYGHR2bk-rJJKMjrFfJXCrEssP5-PaxLByWaIxjXhyphenhyphentT-DayGa9K19RoeYia5SacCCfMyktolMUzOI6BzlayUIFe55xsc0rB55zgftA/s400/b8e28b21ac6374df780486aa359c34ac.jpg" width="316" /></a></div>
Signe des temps, Wonder Woman s'impose dans l'univers testostéroné des super-héros. Elevée dans la ferveur d'un père tout puissant et la crainte d'un amant westeinien, elle s'octroie tous les attributs machistes, du fouet esclavagiste au phallus-glaive, pour mettre à bas les démons des hommes, et empaler des armées de goujats médusés par son amour ravageur. Elle s'en va jusqu'à émasculer la flèche de l'Église et son patriarcat mâtiné de bons sentiments au paternalisme sirupeux. Elle n'hésite pas non plus à mettre à mal sa féminité pour pulvériser ces fantasmes masculins désormais si honteux et dissiper leur miasme musqué aussi toxique que capiteux.<br />
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Signe des temps, Wonder Woman s'amourache d'un brave soldat dont la seule ambition n'est plus tant de sauver le monde de son manichéisme castrateur, que d'immortaliser le jour où il succombe, la fleur au fusil, au charme irrésistible de l'égalité des sexes. </div>
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Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-65932861350903413552017-08-23T00:25:00.000+02:002018-01-28T21:49:50.989+01:00"Ecrire ou mourir" de Michel Houellebecq<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM5AZsUOdr7s1AcndkFPO_Ux4P0VqOSlb5zcVMUBHuhNZjAKA44YzYa9Zb-i1jBT0f29L9RGv8hxfkMxhJlGnwthAIUZdA8GnrP6r12gQswZcUCECBleA_XNiicUMCq46bMbaKlKzVhw/s1600/Houellebecque+copy.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="902" data-original-width="1600" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM5AZsUOdr7s1AcndkFPO_Ux4P0VqOSlb5zcVMUBHuhNZjAKA44YzYa9Zb-i1jBT0f29L9RGv8hxfkMxhJlGnwthAIUZdA8GnrP6r12gQswZcUCECBleA_XNiicUMCq46bMbaKlKzVhw/s400/Houellebecque+copy.jpg" width="400" /></a></div>
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Ecrire est un cri que personne n'entend, une bouteille à la mer que la mer emportera. C'est à toi que je m'adresse, toi qui m'attend là-bas. Je t'écris la critique d'un film qui ne verra jamais la nuit. Une missive lancée vers l'inconnue. Imagine un mouvement lent, un son assourdissant. Regarde ton écran. Tu saisis? Je suis dans les entrelacs de son scintillement. Discontinu, je ne fais sens qu'une fois sur deux. A nous deux nous ferons sens.<br />
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<br /></div>
<div>
Ecrire est un cri qui ne fait aucun bruit. Entends-tu la mer emporter tes sens? Je m'adresse à une adresse inconnue et attends que la nuit déroule son film. Un mouvement assourdissant. Me vois-tu scintiller dans la lenteur de notre pas de deux? A nous deux nous referons le monde sur grand écran. </div>
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<br /></div>
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Ecrire c'est aimer l'inconnu, boire tout son soûl. Je t'envoie ce missile qui te mettra à nu. Je vois ton corps se mouvoir lentement et m'inviter dans la danse. Je ferme les yeux et savoure l'explosion de mes sens. C'est tout. </div>
<div>
<br /></div>
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Ecrire c'est vivre maladroitement. Un peu de sens, un peu de bruit qui résonne à l'infini. A chaque mot je renais, je fuis. A chaque ligne je perçois la suivante qui m'emportera vers un horizon vague. </div>
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<br /></div>
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Ecrire c'est mourir aux yeux de tous. Lentement. Infiniment. Je divague. Si j'avais su. Si j'avais bu. A nous deux nous aurions tout fait au vu et au su de tous. Nous nous serions aimés entre la mer et l'horizon, dans les yeux, à l'unisson. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Le temps d'un film.</div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-42077769895546167962017-08-13T21:40:00.000+02:002017-10-25T00:16:08.278+02:00"Life is Strange", Saison 2, Épisode 2: "Game Over"<div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtvQITQ4P1Bvgz3_rZweGJiMrkxjPIXHo6sCV-hSe8RYy4cFJXbWqWZNR51xvTypJk0juxBFdjksIiiszXKd9JukkVwBwOW5K-3x92f3YTbxNhFxvYYcM4MZmTVjyFYIZ8wF1lWAOsJg/s1600/dore_the_raven_1884-19.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1065" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtvQITQ4P1Bvgz3_rZweGJiMrkxjPIXHo6sCV-hSe8RYy4cFJXbWqWZNR51xvTypJk0juxBFdjksIiiszXKd9JukkVwBwOW5K-3x92f3YTbxNhFxvYYcM4MZmTVjyFYIZ8wF1lWAOsJg/s400/dore_the_raven_1884-19.jpg" width="266" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<i><br /></i>
<i>Pour une expérience optimale, activez votre caméra et votre microphone.</i></div>
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<br /></div>
Ma première sensation est une sensation de chaleur. Assis dans un fauteuil à la terrasse d'une large villa, je suis attablé devant un carnet noir ouvert sur des feuilles blanches. Je peux tourner la tête et faire le tour d'horizon d'un paysage d'été. Quelques cyprès laissent entrevoir une mer se diluant dans un ciel azur tacheté de voiles au trait clair.<br />
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Qu'est-il attendu de moi?</div>
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<br /></div>
<div>
Je ne peux me déplacer sinon mon curseur sur la première feuille blanche. Je tape au hasard sur mon clavier. Les lettres s'inscrivent dans un style calligraphié. J'essaie de les effacer mais ne produis que des ratures. </div>
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<br /></div>
<div>
Dois-je écrire?</div>
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<br /></div>
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Je suis attablé à la terrasse d'une villa, un carnet ouvert devant moi. Un oiseau noir se pose sur la rambarde. Je l'observe et me viennent à l'esprit des images de films et de jeux vidéo où ces piailleurs ont souvent un rôle funeste.<br />
<br /></div>
<div>
Un autre se pose à côté de l'autre. Puis un autre corbeau. Un papillon bleu me distrait un instant avant de se dissoudre dans le ciel ou la mer. Je baisse la tête: des dizaines d'oiseaux noirs trépident sous mes yeux. Je suis cerné. Ils s'agitent, croassent puis soudain se jettent sur moi dans un froissement d'ailes. </div>
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<br /></div>
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Écran noir.</div>
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<br /></div>
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Je me réveille dans un lit d'hôpital. Un docteur me tâte le poul.</div>
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<br />
– Comment te sens-tu?</div>
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<br /></div>
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L'icône en forme de microphone apparaît.</div>
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<br /></div>
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Je réponds sans conviction:<br />
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Bien.</span></div>
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– <span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">Je suis heureux de l'entendre, me répond-il distraitement en allant s'asseoir </span><span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">près de la fenêtre. Il sort un carnet noir identique au mien. Il y griffonne des mots d'une courte plume. Je l'entends indéfiniment griffer le papier.</span></div>
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<br /></div>
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Dois-je parler?</div>
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<br /></div>
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– Je ne sais quoi dire.</div>
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– Parle moi de tes peurs.</div>
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<br /></div>
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Parler de ses peurs à un écran est un tant soit peu ridicule.</div>
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<br /></div>
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– J'ai peur de ne plus avoir le temps de laisser ma trace, lancé-je.</div>
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– Continue.</div>
<div>
– J'aimerais créer un jeu vidéo qui ne serait pas ludique.</div>
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– C'est-à-dire?</div>
<div>
– Une histoire frustrante qu'on ne pourrait sauter, sauver, pauser ou même arrêter avant d'avoir vécu la fin.</div>
<div>
– La vie peut-être.</div>
<div>
– La vie sûrement.</div>
<div>
– Pourquoi un jeu vidéo?</div>
<div>
– Parce que plus personne ne lit ou ne regarde religieusement. Tout se doit être ludique, interactif, <i>gamifié</i>; même le cinéma; même la littérature. On se joue de tout.</div>
<div>
– Faisons une pause ici. Reprenons demain.</div>
<div>
<br /></div>
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Le docteur se dirige vers un flacon de perfusion dominant mon lit comme la lanterne d'un navire. Il y tourne un petit robinet et l'image se trouble.<br />
<br />
Écran blanc.</div>
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<br /></div>
<div>
Je suis de nouveau face à une feuille blanche sur la terrasse d'une imposante villa. Le soleil est aveuglant. Les cyprès s'élancent comme des traits noirs vers une mer étale et un ciel sans nuage. Il n'y a pas d'oiseau sur la rambarde. Devoir réécrire la baratin de la première fois me fatigue déjà.</div>
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<br /></div>
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Dois-je continuer de jouer? </div>
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<br /></div>
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10,9,8,7,6,5,4,3,2...</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je suis de nouveau face à la page blanche. Le soleil est agressif et les cyprès menaçants. Il n'y a pas d'oiseau sur la rambarde. Parler de ces créatures inquiétantes me fatigue. Je désire l'écran noir à défaut de changement de perspective. J'écris pour que ces parasites me dévorent, mais rien ne se passe. Je perds patience et écrase mes mains sur le clavier avec violence. </div>
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<br /></div>
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La vue a changé. Je me suis légèrement déplacé. J'appuie sur les flèches de mon clavier et m'éloigne de la table et du carnet. Je fais le tour de la terrasse et entre dans une pièce où la pénombre règne. J'ajuste la luminosité de mon écran mais les noirs deviennent des aplats de gris. Rapidement je comprends que je ne peux me mouvoir que dans le périmètre défini par les projections de la lumière du soleil. Les zones d'ombre sont des murs invisibles. </div>
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<br /></div>
<div>
Je joue avec les volets des fenêtres et les persiennes pour éclairer une porte au fond de la pièce. Je l'ouvre et illumine le seuil d'un couloir où au loin j'aperçois une lueur qui me fait soudainement prendre conscience de mes battements de coeur. Elle m'attire irrésistiblement, mais plus j'essaie de m'en rapprocher, plus elle s'éloigne. Derrière moi, la lumière devient fauve. Je me retourne sur un terrifiant coucher de soleil qui envahit ma vision. Lui échapper m'est impossible, son attraction irrépressible. Cette boule de feu s'enfle et s'enflamme à vue d'oeil alors qu'elle plonge dans une mer de sang. A mes pieds, les rayons s'amenuisent, s'effilochent et laissent le paysage d'été glisser dans le néant.<br />
<br />
Écran noir.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je suis de nouveau dans le lit d'hôpital. Le docteur est à la fenêtre et noircit son carnet. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
L'icône 'microphone' apparaît.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
– Ce jeu m'ennuie, soupiré-je.</div>
<div>
– Ce n'est pas un jeu.</div>
<div>
– Qu'attendez-vous de moi?</div>
<div>
– Penses-tu que la vie se rembobine comme un film, que les moments désagréables se passent comme des cinématiques, et les moments heureux se revivent à l'envi comme des sauvegardes? </div>
<div>
– Je sais faire la différence entre le réel et le virtuel.</div>
<div>
– C'est ce que nous allons voir.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Alors que je finis d'écrire cette dernière phrase, il se dirige vers le flacon de perfusion et tourne le petit robinet comme il éteindrait la lumière avant d'aller se coucher.<br />
<br />
L'image laisse place à une page blanche.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
J'ai peur d'avoir perdu mon temps à jouer aux jeux vidéo, à écouter le flot de mes souvenirs, à regarder les autres vivre sur petit et grand écran. Je n'ai pas pris le temps de jouer avec les mots, de les mettre en musique et d'écrire ce que j'ai vécu.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
La nuit est déjà tombée. Je peux me déplacer sur la terrasse à loisir, entrer dans l'antichambre de mon inconscient et suivre le fil de ma pensée dans un couloir obscur et exigu. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Au bout de la nuit je rejoins cette lueur si douce. C'est une porte dont seule l'embrasure de lumière révèle la présence. Je l'ouvre et découvre une petite chambre presque vide mis à part une chaise et un bureau. En son centre, l'écran d'un ordinateur me fait face. Je m'assois devant et l'allume. Une led verte crépite et grésille. L'écran s'illumine et me donne à voir mon propre visage. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Je l'observe un temps. Il n'est pas synchronisé avec mes mouvements; probablement un enregistrement. L'icône 'microphone' clignote. Il faut que je dise quelque chose. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
– Je ne sais quoi dire.</div>
<div>
– Qui es-tu?</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Ma propre image questionne mon identité.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
– <span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">Personne, repondé-je instinctivement.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">Elle reste impassible, puis me demande sur un ton blasé:</span></div>
<div>
<br /></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Que dois-je faire pour terminer ce jeu stupide?</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Joue!</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">C'est la seule réponse qui me vint à l'esprit. Mon image grimace, lève les yeux au ciel et se lance dans une violente diatribe:</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– C'en est assez docteur! Ce jeu est non seulement ennuyeux mais cette intelligence artificielle pauvre. Mon image ne fait que répéter des mots déjà prononcés. Ce n'est pas crédible!</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Il faut que tu ailles au bout de cette histoire, rétorque-t-il.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Je n'en vois pas l'issue!</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">Il baisse les yeux sur moi et pour la première fois depuis le début de ce jeu, je ne suis plus bien sûr que c'en est un. </span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Je sais faire la différence entre le virtuel et le réel! , m'enervé-je. </span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Vraiment? Alors comment se fait-il que tu répètes ce que tu as déjà dit comme un robot?</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Je ne sais quoi dire.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Exactement.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– J'ai peur...</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– C'est bientôt fini.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">Il lève à nouveau les yeux au ciel:</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Docteur, si mon double le consent, mettrez-vous un terme à ce jeu de dupes?</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Si tel est votre souhait.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">Mon visage me dévisage:</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;">– Peu importe ce qui réel ou virtuel, que tu sois mon reflet ou mon âme, mettons fin ensemble à cette histoire.</span></div>
<div>
<span style="font-family: "helvetica neue light" , , "helvetica" , "arial" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Je réponds alors avec conviction: </span><br />
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">– Bien.</span></div>
<div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">– Je suis triste de l'entendre, répond le docteur tendrement en levant la plume de son carnet.</span></div>
</div>
<div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto;">L'écran s'éteint. Pour la première fois je ressens une sensation de chaleur. Ma pensée s'égare et ma vision se diffracte en de multiples losanges bleutés.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1n_kksrEySDBv255bv1B-wqMt3JXjpz7Pz2LCzMo_NA2Z8_vFz7GRj4_uRr3_KeOI9qfkFNSsDjAYYn5tKV3H-QZjdufaSfyIiKYkDrsOTZhfIRxKZm5rtAexHerpo7DS52OQDeN_mQ/s1600/life+is+strange+ep+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="478" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1n_kksrEySDBv255bv1B-wqMt3JXjpz7Pz2LCzMo_NA2Z8_vFz7GRj4_uRr3_KeOI9qfkFNSsDjAYYn5tKV3H-QZjdufaSfyIiKYkDrsOTZhfIRxKZm5rtAexHerpo7DS52OQDeN_mQ/s400/life+is+strange+ep+2.jpg" width="397" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both;">
</div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-74222077822970841112017-08-05T15:29:00.001+02:002018-02-08T01:22:52.748+01:00"Blade Runner 2049" de Denis Villeneuve<div dir="auto">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjU3nz9Ik02c3fYteH2zSZl747CLd4pq2MbAuiagudnbL7JjMO6cUGxh0Mw4VkS4CLXtfa_4mqQQPs_-HGSXIhmcsJuoYLYUAIRpcLuCTq3ErAZ9VXgfHR3PDiwUcjIjBn9YO038g8Psg/s1600/blade-runner-2049-trailer1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="297" data-original-width="700" height="167" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjU3nz9Ik02c3fYteH2zSZl747CLd4pq2MbAuiagudnbL7JjMO6cUGxh0Mw4VkS4CLXtfa_4mqQQPs_-HGSXIhmcsJuoYLYUAIRpcLuCTq3ErAZ9VXgfHR3PDiwUcjIjBn9YO038g8Psg/s400/blade-runner-2049-trailer1.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Peut-on critiquer un film que l'on n'a pas vu? Il est rare qu'un auteur - qu'il soit de cinéma ou de tout autre chose - sache se réinventer. Que l'on soit génial ou médiocre, on ressasse la même histoire, de l'enfance fantasmée à la vieillesse si redoutée. </span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Denis Villeneuve raconte des histoires uniques qui n'en font qu'une, une histoire de famille qui se répète de film en film. D'un drame sanguin à un thriller terreux, que l'enfance soit déchirée, sacrifiée ou préservée, il sérine la même chanson dont seules la mélodie et la rythmique changent d'un air à l'autre. </span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Persuadé de se renouveler ne se rend-il pas compte qu'il ne fait qu'approfondir son oeuvre cinématographique? N'aurait-il seulement le désir de la bâtir s'il savait qu'un nouvel amour n'était que la réminiscence d'un ancien? En tout cas elle ne saurait se compromettre dans les interminables compromis commerciaux imposés par la Warner, et je n'ai aucun doute que Blade Runner 2049 sera un film sur l'enfance d'un petit chef-d'oeuvre de science fiction qui échappa lui-même à son auteur, Ridley Scott.</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Alors oui on peut critiquer ce que l'on n'a pas vu tant que l'on s'efforce d'imaginer la variation nouvelle d'une vieille antienne.</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Le film de Ridley Scott n'a pas grand-chose à voir avec le roman dont il s'inspire. Il s'attarde sur ce fantasme de l'homme moderne de donner une âme à des machines alors qu'il doute lui-même d'en avoir une. C'est cet homme qui veut prendre la place de son createur que Ridley Scott méprise. Que cela soit en 1492, 2019 ou 2049, il n'explore pas seulement de nouvelles terres celluloïdes, mais son propre dédain pour une humanité mue par cette force monstrueuse, dévorante et baveuse - la vie - qui n'engendre que destruction. Il se propose sans état d'âme de l'avorter au sens propre et figuré tout au long de son sinueux chemin de croix cinématographique.</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Denis Villeneuve a quant à lui consacré son dernier opus à sauver une vie condamnée à ne faire sens si ce n'est dans les détours extraordinaires de la science fiction. Qu'elle soit brisée ou éphémère, ses films sont des odes à la vie.</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Un misanthrope et un philanthrope unissent ainsi leurs contradictions pour répondre aux questions qui hantent des hommes orphelins de toute transcendance. </span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Le monde ne se porterait-il pas mieux si l'homme cédait sa place à un robot dénué de cette puissance contre-nature qui le pousserait à sacrifier le monde où il est venu pour conquérir celui où il n'ira jamais?</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Le monde ne se porterait-il pas mieux si l'homme abandonnait ses rêves d'immortalité dont celui d'animer des intelligences si artificielles?</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Le monde ne se porterait-il pas mieux si l'homme ne se prenait plus pour son propre créateur et acceptait sans broncher sa condition d'ouaille corvéable à merci qu'elle soit électrique ou non?</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Le monde du cinéma enfin ne se porterait-il pas mieux si les studios hollywoodiens cessaient de ressasser les mêmes histoires?</span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><br /></span></div>
<div dir="auto">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Je ne doute pas que Blade Runner 2049 répétera maladroitement comme un enfant l'histoire qui fut à l'origine d'un succès critique et commercial inattendu. Je ne doute pas non plus qu'il échappera à son auteur, son producteur et la Warner telle une créature se jouant de son créateur. Sa beauté formelle qui transpire de sa bande-annonce fait rêver d'un film qui crèvera l'écran pour en révéler la mécanique morphéenne.</span></div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-2722112293223794342017-07-23T16:28:00.001+02:002017-10-25T00:15:51.247+02:00"The Lost City of Z" de James Gray<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJOIzraY_Ws_Bs0MdvJCPL3VrVW-0kqGHY5CK-SNKQ7zEzUvhaombXzgzXLmdpmXdCfhjVdyrrcDbvM5F6Zp41RrCIEaHr4m3an6BnXw6PfwT3HbWLNjtOO4QLZfTouwA8zQ3gaHooJQ/s1600/Lost+city+of+Z.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="638" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJOIzraY_Ws_Bs0MdvJCPL3VrVW-0kqGHY5CK-SNKQ7zEzUvhaombXzgzXLmdpmXdCfhjVdyrrcDbvM5F6Zp41RrCIEaHr4m3an6BnXw6PfwT3HbWLNjtOO4QLZfTouwA8zQ3gaHooJQ/s400/Lost+city+of+Z.jpg" width="255" /></a></div>
<br />
Les cheveux dans le vent, Percy Fawcett poursuit le train de ses pensées au coeur de l'Amazonie. Des souvenirs heureux défilent sous ses yeux commes des visages insaisissables sur des quais de gares anonymes. Le regard fixé sur son horizon funeste, les paysages se confondent et son esprit divague. Loin de la superficialité de son monde, rien ne pourra plus l'empêcher de s'elancer le coeur battant vers ses rêves de profondeur. Rien ne pourra plus l'arrêter, ni les amours passées ni une mort certaine. Les cheveux dans le vent, Jack Fawcett laisse rouler quelques larmes sur ses joues comme autant de preuves d'une civilisation perdue entre ici et l'infini.Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-2715224486784181632017-07-19T00:41:00.001+02:002017-10-25T00:14:40.328+02:00"Sexe, mensonges et vidéo" de Steven Soderbergh<!--[if gte mso 9]><xml>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<span style="font-family: inherit;">La vie est un tissu de mensonges. Rares et douloureux sont ces moments qui froissent les esprits et déchirent les cœurs. Graham, le héros très discret de cette jeune palme d’or, sait combien la rumeur d’une vérité inavouable peut </span>coûter<span style="font-family: inherit;"> à une existence sans éclat ni fracas. Il connaît le prix de ce silence qui voile ces mille et un visages de notre quotidien. C’est ce silence que notre confesseur cathodique veut briser en recueillant des secrets de femmes sur le divan de son salon. C’est dans son intimité que notre vidéaste amateur découvre leurs visages troublés par le souvenir d’une première fois. C’est au son de leurs voix langoureuses qu’il s’épanche aussi, et se prend à rêver de cet instant où les </span>brûlures<span style="font-family: inherit;"> du désir s’apaisent sous quelques larmes de pluie.</span>Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-52072681382278126732017-05-09T22:09:00.001+02:002024-03-21T22:05:25.236+01:00"Twin Peaks: Le Retour" de David Lynch<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMs0-rASifxeFZRdBYi7QlMV1JhIpj5cxPbU4PRiHcDARfZgPOUtZHldPNiqDpTJSMLHOORCliiw9ZT811W7nHRM_B9w3LjuBSkQhx5h8-VD3m2wgkDd6LsTOvtJUn8EbJfC4okRX69w/s1600/KERTEZ_1972_World_Trade_Center_800px.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMs0-rASifxeFZRdBYi7QlMV1JhIpj5cxPbU4PRiHcDARfZgPOUtZHldPNiqDpTJSMLHOORCliiw9ZT811W7nHRM_B9w3LjuBSkQhx5h8-VD3m2wgkDd6LsTOvtJUn8EbJfC4okRX69w/s400/KERTEZ_1972_World_Trade_Center_800px.png" width="317" /></a></div>
<br />
La série culte de David Lynch est de retour. Lui qui a fait ses adieux au grand écran, investit de nouveau le petit, ce jardin abandonné aux mauvaises frayeurs rampantes et bons sentiments sirupeux. Ce bouillon de sous-cultures, David Lynch le connaît bien. Il y a cultivé les nymphéas de ses obsessions et pêché ses plus belles idées. Des vidéos amateurs de Lost Highway à la mise en abyme télévisuelle d’Inland Empire, en passant par l’ouverture cathodique de Twin Peaks: Fire Walk With Me, le petit écran n’a eu de cesse de nourrir le grand œuvre de David Lynch. C'est cette boîte à images qui meuble la chambre obscure de notre inconscient et du sien, et fait partie de notre quotidien bien plus que le cinéma. Lynch a bien essayé d'émouvoir le grand public à travers ses films, mais a surtout touché le petit club des cinéphiles. La série télévisuelle Twin Peaks fut l’exception. Elle lui permit d’emporter l’enthousiasme d’un public bien plus large.<br />
<br />
Ce retour aux sources de sa série culte répond probablement à son envie de faire de nouveau chialer tous ceux qui ont perdu le sens des télé-réalités. Faire vibrer les amateurs des super-pornos de Marvel et trembler les adorateurs des zombies du PAF. Nous faire passer de l’autre côté du miroir médiatique. Nous faire pénétrer la chambre rouge d’Hollywood, la fabrique à rêves, le cauchemar de tout réalisateur qui veut donner de la profondeur à un cinéma trop formaté et superficiel.<br />
<br />
Hollywood, c’est là-bas que nous vivons tous, l’antichambre où se forment nos opinions et se perdent nos illusions. Hollywood, ce succube qui aspire à nous retirer tout désir d’investir le réel, lui qui a tout empire sur nos sens, il donne aux petits la folie des grandeurs et aux grands de ce monde l’ivresse des pires bassesses. Petit à petit, du grand au petit écran, des <i>fakes news</i> au <i>storytelling</i>, il nous transforme en spectateur apathique de la chute de nos démocraties.<br />
<br />
David Lynch reviendra peut-être à ses premières amours, la rose bleue, l’héroïne de sa jeunesse : Feue Marylin. La nymphe, le diptyque, elle, lui, qui dans l’amour se sont perdus, se sont trouvés. Eprise de détours, jumelle dans ses atours, cette double vie s’écroula sous nos regards ahuris et nos esprits abrutis par l’industrie du divertissement. Des paillettes, des étoiles, elle a été engouffrée par Hollywood et dévorée par sa machine à nous raconter des histoires. Nous avons déjà oublié, nous l'avons déjà rangée dans notre collection de films et séries télé à ne plus regarder. Le passé est bien vite passé. Il ne tient qu’à un fil de poussière, une poudre de perlimpinpin, qui nappe nos souvenirs sérialisés.<br />
<br />
Aide-nous David à atteindre des sommets de beauté et quitter ce monde des images en douceur, aide-nous à trouver les mots qui auront un jour prise sur nos cœurs et notre destin.Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-33546242007529179712017-03-13T00:06:00.002+01:002024-03-21T22:02:41.937+01:00"Moonlight" de Barry Jenkins<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXFoSdX2MZoSWENKydYjUdcu5_LltzAhZGDVlkdiJidPAO1v3hdGLGHvnfD6RnTMyuF-7UyUKaXx-Xj06fCGWOYIbs0rJReBW4QDHd4bmTlBJXNq3o1OhuxnxYfwUfdJmb7bgx-P-rDg/s1600/moonlight.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXFoSdX2MZoSWENKydYjUdcu5_LltzAhZGDVlkdiJidPAO1v3hdGLGHvnfD6RnTMyuF-7UyUKaXx-Xj06fCGWOYIbs0rJReBW4QDHd4bmTlBJXNq3o1OhuxnxYfwUfdJmb7bgx-P-rDg/s400/moonlight.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
Film oscarisé à rebours, Moonlight échappe au crédo hollywoodien habituel où le message au monde du cinéma se doit d’être limpide. Divisé en trois chapitres, Il nous conte l’histoire de Chiron, un jeune noir de la banlieue de Miami suivant ce qui semble être un parcours linéaire, de Little, l’enfant qu’il fut, à Black, l’adulte qu’il sera. Cependant le récit que certains jugeraient prévisible se termine sur un plan qui nous amène à nous refaire le film. Qui était vraiment Chiron ? Se définissait-il par son nom, sa couleur de peau ou sa sexualité ? Ou le bleu profond de l’océan ?<br />
<br />
Son identité est mouvante et tangue d’un côté vers une sensibilité à fleur de peau et de l’autre vers une virilité de circonstance. Blanc ou noir, homo ou hétéro, dominant ou dominé, Moonlight se situe bien au delà de ces alternatives binaires. Il cultive la poésie de l’ambiguïté, cette fleur fragile qui ne peut s’épanouir dans un cœur de pierre et rester de marbre face à l'injustice et la haine.<br />
<br />
Chiron mène sa barque en marge des conventions et s’attire rapidement des flots de quolibets et des déferlantes de violence. Il emporte alors Little dans un voyage funeste et s’échoue sur les rives arides d’une société où la survie dépend d’un corps et d’une âme sculptés à l’épreuve du feu. Il devient Black, dealer de drogues à la petite semaine et amateur d’un hip hop testosteroné, un roc à mille lieues d’une mère brisée par les relents du crack et les élans d’une concupiscence masculine destructrice.<br />
<br />
Rien ni personne ne semble pouvoir percer cette roche volcanique où ne brule plus aucune passion ; jusqu’à ce qu’un un coup de fil réveille en Black cette flamme qui l’empêcha de sombrer enfant dans l’onde saphir, l’appel d’un ami intime et le souvenir d’une première fois, la seule fois où il se sentit en vie avant de se renier pour la gagner, la dernière fois où il fut trop faible pour la prendre à bras le corps et trop fier pour s’y jeter à corps perdu.Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-37575866812902752262017-03-06T22:44:00.000+01:002017-07-19T00:19:11.629+02:00"My Scientology Movie" avec Louis Theroux vs "Elle" sans Paul Verhoeven<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDf2HiZ88_sa6tv6dd2P_v71KbEq8tBL_Fkge7HEUCBvzCiQ8DnxZg18KpFpZ2K_mwXk7dgpKyVYBvlz0CGxlpqs4wHepLUNxmdYkXN9wzNrKCnB7YJx5rDYmz78LVB0_CliYeRfTL8A/s1600/La+tortue+rouge.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDf2HiZ88_sa6tv6dd2P_v71KbEq8tBL_Fkge7HEUCBvzCiQ8DnxZg18KpFpZ2K_mwXk7dgpKyVYBvlz0CGxlpqs4wHepLUNxmdYkXN9wzNrKCnB7YJx5rDYmz78LVB0_CliYeRfTL8A/s400/La+tortue+rouge.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="FR" style="color: black; font-family: "times"; font-size: 13.5pt;"><br /></span></div>
Que peuvent bien avoir en commun ces deux films à facture si étrangère ? L'athéisme? Une vision flegmatique et une autre cynique d’un monde sans Dieu ?<br /><br /> Lui - Louis Theroux - y croit peut-être encore à ce chemin de croix qui donnerait accès un monde sans illusion, sans Hollywood.<br /><br />Elle, elle est nulle et encore moins que cela dit-elle, en dessous de la ceinture et bien au-delà d’un thriller érotique basic. Elle est sans foi ni loi.<br /><br />Ne sont-ils pas tous deux déconnectés du réel ? Le documentaire de l'un est une œuvre de fiction sur une religion qui n'en est pas une et le film de l'autre n’est qu’un étrange document visuel sur l’état inquiétant d’une société accro à la fiction.<br /><br />Dans ces deux cas cliniques, je vois des mondes en-deçà de la réalité où je finirais par me perdre, de multiples niveaux d’interprétations dont le sens n’aurait de cesse d’être insondable et le game over inaccessible.<br /><br />J’y cherche l’Humain d’abord, mais faute de le trouver, je me dis souvent que ce serait mieux s’ils s’en allaient tous, tous ces faiseurs de rêves et de cauchemars. Perdrais-je la foi en le cinéma, cette machine à songes qui emporte mes sens parfois, mais me claque la porte au nez quand le réel se fait trop sentir ? Comme Elle, je questionne toutes ces images aussi proches de ma réalité soient-elles, mais ce ne sera (mal)heureusement pas la violence qui leur donnera substance.<br /><br />Le héros de "My Scientology Movie" est un paria, une ancienne sainteté du dernier sanctuaire des déçus de toute autre transcendance, qui a explosé après que son maître ait lui-même pété une durite et quelques mâchoires. Il a quitté le navire sectaire et est revenu sur terre pour s’embarquer dans ce projet de reconstitution d’une douleur réelle avec le guru très british du documentaire. Rejouer et revivre par l’entremise de la fiction cette scène d’une violence décisive où, malgré son long entraînement à maîtriser toute émotion, il a tout lâché. Et tout cela ponctué des regards bienveillants et des pieux silences du divin Louis Theroux.<br /><br />L’héroïne, Elle, est Isabelle Huppert, presque belle, presque désirable, une fleur fanée qui pique, se déchire et traite ses employés, ses amants, ses proches, son fils, tout son monde avec condescendance. Elle donne et encaisse les coups sans broncher, presque avec le sourire. Elle ne verse pas une larme pour son réalisateur, son maître, qui de film en film, s’enferme dans une carcasse où l’émotion ne transperce plus. L’amour, il n’y croit pas ou n’y croit plus, si ce n’est peut-être sans violence, sans rixes, sans vie, sans homme.<br /><br />Supprimer l’émotion par tous les moyens de coercition possibles pour mieux la contrôler. Devenir insensible à cette souffrance ambiguë d’être à la fois mortel et infini. Serait-ce le thème commun de ces deux films? Quelle serait donc cette affliction dans la vie du Louis adolescent qui fit trembler l’aiguille du temps et cette émotion fébrile et souvent inattendue que les scientologistes ne sont pas les seuls à vouloir pulvériser à coups de poings, de dogmes et de gifles ? Quelle serait donc cette folie qui me donne la force d’avancer un pas après l’autre, à chaque jour sa peine, sa joie?<br /><br />La possibilité d’une île lointaine peut-être où se languirait une tortue rouge.<style>
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</style>Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-49433515790325428342017-02-18T01:11:00.000+01:002017-10-25T00:15:17.462+02:00"La la land" de Damien Chazelle<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhS3I8CHi6YNVnsL0z0kz1VqiBBgR44kmsE6sD-7vcjB0xwmDhK6gZb568D46cFymPK98G0KvyMpYWpyNDjPYTE_e439z8mq6ridn2lx628Tvr05jHW7xbzq5n-PRLhcM7Mue4pDWovIg/s1600/La-La-Land-Reviews.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhS3I8CHi6YNVnsL0z0kz1VqiBBgR44kmsE6sD-7vcjB0xwmDhK6gZb568D46cFymPK98G0KvyMpYWpyNDjPYTE_e439z8mq6ridn2lx628Tvr05jHW7xbzq5n-PRLhcM7Mue4pDWovIg/s400/La-La-Land-Reviews.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span style="font-family: inherit;">Dans deux mois nous serons amenés à voter pour le prochain président de la République Française. Dans l'attente d'un renouveau qui se fait languir, les rêves se noient dans les désillusions et les illusions font loi. Pencher à droite, pencher à gauche, le balancier politique rythme la même petite musique tous les sept ou cinq ans, orchestrée par nos médias ronflants et serinée par nos petits politiciens à la langue de bois.<br /> </span><span style="font-family: inherit;"><br /></span><span style="font-family: inherit;">Mais quel est ce bruit de fond? La mondialisation? Elle fait battre le coeur de l'Europe, de la France, trop vite, trop fort; plus personne n'arrive à suivre, les cordes se brisent, les cors s'essouflent; nous ne pensons plus qu'à survivre, négligeant nos proches, nos racines, oubliant que nous revenons de loin, de ce pays où nous pouvions encore fredonner la la la nonchalamment et nous aimer sans penser au lendemain.</span><br />
<style>
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</style>Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-45675571067373464372017-01-06T22:12:00.000+01:002017-07-19T00:23:45.128+02:00"La loi du marché" de Stéphane Brizé<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJpVswPGiMAJIlBtR1jgXIdTqIksKCdbmOEIbeXUrIVS9-D3dl3AeEzKrlOgPsOiRS0G-oE0SojBV-TxDhIi_F6aIuJ7AfL75ZuGMPggsdGcOqcla9D8CtagLten1pCPqKblV4UK12KQ/s1600/La+loi+du+marche%25CC%2581.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJpVswPGiMAJIlBtR1jgXIdTqIksKCdbmOEIbeXUrIVS9-D3dl3AeEzKrlOgPsOiRS0G-oE0SojBV-TxDhIi_F6aIuJ7AfL75ZuGMPggsdGcOqcla9D8CtagLten1pCPqKblV4UK12KQ/s320/La+loi+du+marche%25CC%2581.jpg" width="240" /></a></div>
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span style="font-family: inherit;">La loi du marché de Stéphane Brizé se termine sur Black Sands de Bonobo, une musique à la fois moderne et désuète. Son film précédent, Quelques heures de printemps, se finissait sur un morceau envoûtant de Warren Ellis et Nick Cave composé pour un autre film, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Tout ça pour dire que les héros de Stéphane Brizé retiennent souvent leurs émotions jusqu'à ce qu'elles nous emportent dans une envolée lyrique inattendue.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span style="font-family: inherit;"> Ce choix musical qui pourrait paraître incongru dans un film dit 'social' fait exploser le cadre de ce cinéma vérité dont les frères Dardenne sont devenus les chantres les plus médiatisés. Ces metteurs en scène du quotidien déploient des efforts surhumains pour coller à la réalité, éviter les écueils de la surenchère, de la dramatisation, du mélo, de la fiction, du cinéma hollywoodien somme toute. Pas ou peu de musique; des acteurs de la 'vraie vie'; unité de lieu, de temps et d'action. Il faut se contenter de peu pour capter la vérité et d'un rien pour sombrer dans l'ennui.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span style="font-family: inherit;"> Cette réalité cinématographique, à laquelle le personnage de Vincent Lindon et le spectateur se confrontent dans La loi du marché, fait l'effet d'une douche froide. Elle nous coupe le souffle et nous empêche d'exploser en pleurs. Elle désenchante et abrutit. Cette réalité des dialogues désabusés avec l'administration de Pôle Emploi, des entretiens d'embauche humiliants, des interminables vidéos de surveillance, des fins de mois impossibles à boucler, des joies tristes, des larmes sèches; cette réalité, aussi juste et poignante soit-elle, nous laisse K.-O.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span style="font-family: inherit;"> Comme ce héros de ce cinéma sans effet spécial, nous voulons nous enfuir, porté par la musique moderne et désuète de Bonobo, et nous précipiter dans l'écran noir, là où notre imaginaire recouvre sa liberté et s'envole vers des histoires extraordinaires, des personnages larger than life, des galaxies far, far away.</span>Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-37651234242912686022016-04-24T22:29:00.000+02:002017-10-25T00:17:37.812+02:00"Life is Strange", Saison 2, Episode 1 : "Les oiseaux"<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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Entre rêve et réalité, « Life is Strange » brouille les codes du jeu vidéo d'aventure classique en nous incitant, au fil de ses épisodes, à rembobiner le film de nos souvenirs et déjouer les détours souvent funestes du destin. Sauver une vie qui nous est chère ou la ville de notre enfance, tel est un des nombreux dilemmes cornéliens que propose ce jeu aux détours scénaristiques multiples et aux décisions si déchirantes parfois qu’elles pourraient arracher quelques larmes aux joueurs abrutis aux <i>headshots</i>.</div>
<br />
Ces émotions, si rares dans les jeux vidéo, se cacheraient-elles dans les interstices de la <i>motion capture</i>, du choix musical, des longues focales ? Ou brilleraient-elles tout simplement dans ce regard tendre porté sur les atermoiements de l’adolescence ? Il est toujours difficile de savoir ce qui peut embraser les cœurs et entretenir, au fil des saisons, la flamme des premières amours. <br />
<br />
Il serait cependant bien surprenant que Dontnod, le développeur de « Life is Strange », n’aie pas déjà envisagé les ressorts scénaristiques qui permettront de retrouver dans une seconde série le ou les personnages clés du premier chapitre, ainsi que les éléments de son succès. Attendons-nous à effectuer de brefs voyages dans le temps et à revivre les mille et une variations de nos souvenirs immortalisés au polaroid. <br />
<br />
Mais sans plus attendre, entre rêve et réalité, laissons-nous donc prendre au jeu et imaginons ce que pourrait nous réserver la deuxième saison de « Life is Strange » . <br />
<br />
« Life is Strange », Saison 2, Episode 1 : « Les oiseaux ».<br />
<br />
Ouverture au noir. <br />
<br />
Max, l'héroïne de la première saison, se réveille dans une pièce faiblement éclairée. Ni porte ni fenêtre. La photographe en herbe est cernée de quatre murs tapissés de centaines de polaroids. Chaque photo est une photo d’elle prise de dos face à un mur criblé de photos. Caressons la souris et l’envie de fuir cette mise en abyme magrittienne.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsoME-qJ26B6e8Rkfamo7jP20f7sZotdAd2TryBiDht4L0vGHk_xcVjlFQbxHWb7mcQFVwhyphenhypheniiHzaePyecbeeSrDwsF-cQI0VHcG5irYmpvtBh-nYD1NhB8xL35cgqx1es2SMPPUQmWA/s1600/Magritte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsoME-qJ26B6e8Rkfamo7jP20f7sZotdAd2TryBiDht4L0vGHk_xcVjlFQbxHWb7mcQFVwhyphenhypheniiHzaePyecbeeSrDwsF-cQI0VHcG5irYmpvtBh-nYD1NhB8xL35cgqx1es2SMPPUQmWA/s400/Magritte.jpg" width="316" /></a></div>
Ni porte ni fenêtre. Quatre murs tapissés de clichés. A y voir de plus près, les photos ne semblent pas exactement les mêmes. Dans certaines photos, certaines photos manquent. Des espaces vides attendant d’être comblés et le désir insatiable de tout joueur de vouloir progresser. Choisissons un cliché et usons de ce pouvoir de sonder les défaillances de cette mémoire sensible.<br />
<br />
L’introspection se dilue dans un flash blanc. <br />
<br />
[…]<br />
<br />
Max se réveille dans une pièce faiblement éclairée. Ni porte ni fenêtre et un mur de photos pour seul cadre. Quelques espaces restent encore à être remplis. Continuons à nous y projeter pour remonter à la source même de ce mauvais rêve. <br />
<br />
[…]<br />
<br />
La même pièce, la même lumière tamisée. Quelques taches rouges sur le sol. Max saigne du nez. L’effort de se replonger dans le passé - même immédiat - rend le présent plus difficile à recouvrer.<br />
<br />
[…]<br />
<br />
Une mare de sang. Max n’a plus la force de se relever, sinon le regard sur elle-même face à l’absurdité. <br />
<br />
Sa tête retombe et heurte le sol dans un claquement sec. <br />
<br />
Fondu au noir. <br />
<br />
[…]<br />
<br />
Le noir persiste, le joueur s’impatiente. Les boutons de la souris ne répondent plus. Pas un son, pas un bruit. <br />
<br />
Le silence et la nuit. <br />
<br />
Reste la touche [Escape] tel un geste éperdu. <br />
<br />
L'écran s’éteint dans un petit éclair blanc. <br />
<br />
[…]<br />
<br />
« <i><a href="https://youtu.be/Nv2GgV34qIg" target="_blank">Peace Piece</a> </i>»<i> de Bill Evans</i><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWm9RUoUff2-kV8mDmkZU-pi4eX2fqBK9rPtjaMEhfY9cTuW8yVp1xXLypOsRyRVgk8D6FillqHSjtDHlyAU4Kw-726z-1gqy0sG0XKlgLkZwBWFM89tWTvIyINJBZZwCRFGORrVm3pQ/s1600/tumblr_m9aiwivFqp1qlp8dho1_500.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWm9RUoUff2-kV8mDmkZU-pi4eX2fqBK9rPtjaMEhfY9cTuW8yVp1xXLypOsRyRVgk8D6FillqHSjtDHlyAU4Kw-726z-1gqy0sG0XKlgLkZwBWFM89tWTvIyINJBZZwCRFGORrVm3pQ/s400/tumblr_m9aiwivFqp1qlp8dho1_500.png" width="298" /></a></div>
Une allée de palmiers. Une avenue mille fois empruntée par le cinéma hollywoodien. Le soleil est au zénith et une légère brise emporte quelques impressions fugaces. Je m’hasarde à déplacer la souris et la vue se décale sur une rangée de beaux pavillons. Qui suis-je ? Max ou la fille aux cheveux bleus ? Il me suffirait de regarder mes pieds s'avancer vers l’inconnu, mais une force me retient, m’empêche de me voir. Je ne suis qu’un œil perdu dans un océan virtuel.<br />
<br />
Cela fait plusieurs minutes que j’arpente des rues désertes au réalisme troublant. La sensation d’être là-bas. Loin. Que dois-je faire ? Rien ne semble m’indiquer le chemin à suivre lorsqu’un nuage d’oiseaux me frôle à tire-d’aile. Ils se regroupent par milliers pour créer une nébuleuse de points noirs là-haut, là où le bleu était jusque-là immaculé. Cette masse sombre se déforme et se reforme en d’étranges figures quasi-géométriques pour s’éloigner ensuite vers le centre de la ville. <br />
<br />
Ai-je d’autre choix que de la rejoindre ? Je peux courir mais après moins d’une minute le rythme se ralentit et mon souffle court se fait sentir. Sur ma gauche un vélo gît au milieu d’une pelouse. La roue tourne encore. De l’autre côté, à cheval sur un trottoir, un 4x4 a les portières ouvertes. Je me dirige vers la voiture. La clé est sur le contact prête à être enclenchée, à croire qu’elle n’attendait que moi. Je m’installe au volant, ferme les portières et passe du silence des grands espaces à celui des habitacles feutrés. Le pare-brise envahit ma vision sans que je puisse voir mes mains, les lignes de ma destinée. <br />
<br />
Je peux circuler dans la ville vidée de ses habitants en gardant en ligne de mire ce nuage noir. Conduire librement un véhicule dans un jeu vidéo est souvent grisant et je pourrais inlassablement virer à droite ou à gauche sans me soucier d’un quelconque objectif à atteindre. <br />
<br />
Mais je m’approche inéluctablement de cette tache sombre qui semble véroler l’azure. Elle grandit au-dessus d’un large bâtiment. Un hôpital. <br />
<br />
Alors que je ralentis devant l’entrée principale, les portes s’ouvrent et plusieurs personnes s’avancent prudemment sur le seuil. Je sors du véhicule et un jeune homme à l’allure de <i>quarterback</i> m’arrête net. Il lève la main devant ses yeux pour se protéger du soleil et dit haut et fort : <br />
<br />
« Ne t’avance pas plus. Comment tu t’appelles ? » <br />
<br />
Une fenêtre apparaît à l’écran. Je tape mon [nom]. <br />
<br />
« Avance-toi que nous puissions mieux te voir », continue le <i>quarterback</i>. <br />
<br />
A partir de cet instant, l’interface réapparait et je dois indiquer mon [sexe], ma couleur de [peau], celle de mes [yeux] et de mes [cheveux], d’autres détails de ma [complexion], ainsi que de mes [vêtements]. <br />
<br />
La vue passe à la troisième personne et je reconnais des personnages de la première saison. <br />
<br />
Quelqu'un s’approche de moi pour me fouiller et fait un signe d’acquiescement au <i>quarterback</i>. Il s’avance vers moi et me tend la main. Je la lui serre. <br />
<br />
« Entre. Ne restons pas ici. » <br />
<br />
L’hôpital semble en état de siège. Des gens s’affairent dans le hall et les pièces adjacentes, portant des cartons, des fils et divers matériels. <br />
<br />
« Je m’appelle Zachary. Je vais te faire faire le tour du propriétaire. » <br />
<br />
Il me montre une pièce où plusieurs personnes regardent une carte sur une large table.<br />
<br />
« C’est notre quartier général en quelque sorte. Là-bas, ce sont les cuisines où l’on emmagasine les vivres. » <br />
<br />
Je demande ce qu’il se passe. <br />
<br />
« Cela fait plusieurs mois que nous sommes ici. De temps en temps des gens comme toi nous rejoignent. Mais, c’est de plus en plus rare… » <br />
<br />
Zachary m’emmène à l’étage devant une chambre gardée par des hommes armés. <br />
<br />
« C’est bon. Vous pouvez nous laisser entrer. » <br />
<br />
Je découvre un lit d’hôpital. Une personne frêle est sous respiration artificielle. <br />
<br />
« C’est Warren qui l’a trouvée dans un entrepôt de la ville. Elle baignait dans son sang. Il l’a emmenée ici, mais l’hôpital était désert. Pas un médecin. Il a allumé le générateur de secours et a réussi à la mettre sous respiration artificielle. Il lui a sauvé la vie, mais nous ne savons pas si elle se réveillera un jour… » <br />
<br />
Zachary semble perdu dans ses pensées, puis se retourne vers moi. <br />
<br />
« D’où connais-tu Max ? » <br />
<br />
J’attends qu’une boite de dialogue avec différents choix s’affiche. Je voudrais lui demander pour quelle raison ils la protègent, mais rien n'advient. Il continue : <br />
<br />
« En fait je m’en fous. Cela ne me regarde pas vraiment. Viens avec moi, je vais te montrer ta chambre. » <br />
<br />
Zachary m’emmène dans une petite pièce avec un lit d’hôpital et une commode pour seuls meubles. <br />
<br />
« Fais comme chez toi. Je te laisse. Je dois rejoindre le quartier général. A plus tard. »<br />
<div>
<br />
Je jette un œil par la fenêtre, me laisse bercer par Bill Evans et contemple la richesse des textures générées par le moteur graphique. Je me demande si les nuages dans le ciel se meuvent réellement ou si c'est mon imagination qui me souffle cette impression.<br />
<i><br /></i>« <i><a href="https://www.youtube.com/watch?v=K_INGPLfcEY" target="_blank">Moving Through Time</a> </i>» <i>d'Angelo Badalamenti </i><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtPN7OkJV3oq820RkaToxJadzxk8jbdLYGsxjK3UOW7w8StNHYkoWCMuyBGK8eq9xCxZ9GTtBoc2y34_gOl50U9pTL0SLuPZ7Y2yksnWJGcD05hFDlqu0QskDOwiLINX6Me5U49K_lcw/s1600/Catherine+Yass+Corridor.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtPN7OkJV3oq820RkaToxJadzxk8jbdLYGsxjK3UOW7w8StNHYkoWCMuyBGK8eq9xCxZ9GTtBoc2y34_gOl50U9pTL0SLuPZ7Y2yksnWJGcD05hFDlqu0QskDOwiLINX6Me5U49K_lcw/s400/Catherine+Yass+Corridor.jpg" width="315" /></a></div>
J’explore la chambre, l’hôpital, ses corridors. Il y a du monde. Un monde clair. Peut-être un effet de la lumière inondant les murs blancs. La plupart des étudiants de Blackwell et des habitants d’Arcadia Bay sont ici et semblent avoir un rôle à jouer.<br />
<br />
J’essaie de parler des circonstances qui les ont amenés en cet endroit, mais personne ne veut vraiment aborder le sujet. C’est alors que j’aperçois Warren au bout d’un couloir. Je lui adresse la parole. Il est pressé mais accepte de me parler. <br />
<br />
« Tu crois au surnaturel ? me demande-t-il. Il va falloir te faire à l’idée que rien ici n’est rationnel. Viens avec moi. »<br />
<br />
Il me fait entrer dans sa chambre. Sur l’un des murs sont accrochés des polaroids, ces centaines de photos de Max de dos. <br />
<br />
« Il y avait du sang partout et ces photos… » <br />
<br />
Il parle par bribes faisant de longues pauses. <br />
<br />
« J’ai quitté Blackwell pour la retrouver. Il y a de ça plusieurs mois. Je ne me souviens plus exactement. J’étais sur la route. La lumière était vive. J’écoutais la radio lorsque… » <br />
<br />
Sa voix se brise, mais il se reprend. <br />
<br />
« Lorsque tout a commencé. C’est la radio qui s’est mise à en parler. Des voix paniquées. Des hommes, des femmes, des familles. Volatilisés. Puis le silence insupportable. J’ai cligné des yeux et j’ai failli avoir un accident. Des voitures arrêtées au milieu de la route. Comme si le monde s’était arrêté de tourner. C’est alors que je les ai vus… » <br />
<br />
Il se tourne vers un ciel délavé.<br />
<br />
« Les oiseaux. Une nuée de taches noires dans le ciel. Je les ai suivis. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? Plus rien n’avait de sens. C’est comme ça que je l’ai retrouvée. C’est elle qui m’a guidé… » <br />
<br />
Il me regarde fixement. <br />
<br />
« Il faut que j’aille rejoindre les autres au quartier général. Pourrais-tu me rendre un service ? Lui parler. Il faut continuer à communiquer avec elle, pour qu’elle se souvienne, que l’on comprenne ce qui s’est passé, ce qui se passe ici. » <br />
<br />
Il me laisse et je retourne dans la chambre de Max. Je m’assois de nouveau à côté d’elle et reste là à la regarder dans un de ces moments de contemplation qui ponctuaient la première saison de touches mélancoliques. <br />
<br />
Je ne peux que l’observer : ses joues exsangues, ces effets intermittents de vapeur sur l’appareil respiratoire. Ses mains effilées, cette texture hyper réelle du drap blanc ; J’en distinguerais presque les aspérités. Les reflets saturés de la lumière, les particules haute définition de la poussière en suspension. La sensation d’y être, de l’autre côté du miroir. <br />
<br />
Je me lève et continue mon exploration des lieux jusqu’au quartier général. J’y retrouve Warren, Zachary et d’autres visages familiers autour d’une large table en formica. Ils scrutent une carte de Los Angeles et de ses environs. J’y distingue de petites croix rouges inscrites au marqueur. A la marge de la carte il y a également une zone noircie qui attire mon attention, mais personne n’est vraiment disposé à me parler. <br />
<br />
Inondé d'une lumière crue venant de la fenêtre principale, se trouve un large bureau encombré de livres et de journaux. Plusieurs d’entre eux se réfèrent à la théorie du chaos, à celle de la relativité, aux trous noirs et au voile de Maya. J’en feuillète quelques pages qui veulent sans doute donner un peu de crédibilité à ce monde illusoire.<br />
<br />
Je trouve également un petit carnet noir de type Moleskine. Dès que je le touche, s’ouvre une interface où sera sans aucun doute sauver ma progression dans le jeu. Ma première mission à y figurer est de parler à Max. <br />
<br />
Sur le mur opposé se trouve un immense tableau noir listant des groupes de noms et des ordres de mission : Récupérer de la nourriture, ramener des antibiotiques, trouver des véhicules, etc. <br />
<br />
Zachary s’approche : <br />
<br />
« Nous devons nous organiser pour survivre. Tout le monde doit s’y mettre. Libre à toi de choisir ta première mission. » <br />
<br />
Je l’interroge au sujet de la zone noire. <br />
<br />
« Commence déjà à faire tes preuves et on en reparlera. » <br />
<br />
Il retourne vers les autres. Je décide de joindre un groupe qui a pour mission de récupérer des vivres dans un centre commercial. Je dois me rendre dans le parking souterrain. <br />
<br />
Avant même de sortir de l’ascenseur, j’entends des coups de feu. Les portes s’ouvrent et je découvre que le parking a été reconverti en salle d’entrainement. Un homme me voit hésiter et m’interpelle:<br />
<br />
« Toi ! Viens ici. » <br />
<br />
Je m’avance. <br />
<br />
« Approche-toi. Je m’appelle David. » <br />
<br />
Il me donne un casque anti-bruit et une arme à feu. <br />
<br />
« Tu sais t’en servir ? » <br />
<br />
Je lui demande pourquoi c’est nécessaire. <br />
<br />
« A l’extérieur, c’est la jungle. Je ne sais pas comment le monde a pu s’écrouler du jour au lendemain et je m’en fous un peu pour te dire la vérité. Ce qui compte c’est aujourd’hui. Et aujourd’hui, il faut se battre pour survivre. » <br />
<br />
Je lui demande s’il y a d’autres camps comme le notre. Il ne répond pas tout de suite. Il hésite puis se met à parler doucement comme s’il ne voulait pas que d’autres entendent. <br />
<br />
« Il n’y avait plus d’électricité, d’internet, de services qui fonctionnaient. Les trois quarts des habitants de la ville avaient disparu. Nous pensions être seuls au monde. Et puis on nous a tiré dessus. Ce fut le bordel sur le moment et puis on s’est organisé. Il n’y a de plus de lois qui vaillent sinon celle du plus fort. Montre-moi comment tu te sers de ce revolver. » <br />
<br />
Je peux m’entrainer autant que nécessaire. Mon carnet signale les niveaux atteints et les armes maitrisées. <br />
<br />
Une fois passé le niveau 3 avec mon revolver, David revient vers moi. <br />
<br />
« C’est bien. Ça suffira pour l’instant. Rejoins ce groupe de ce côté. Il va bientôt partir. » <br />
<br />
Je vais à la rencontre de cinq personnes. Le leader se tourne vers moi. Je m'annonce et salue tout le monde.<br />
<br />
« Ok. On est au complet. Allons-y. » <br />
<br />
« <i><a href="https://youtu.be/nQyBc6cR3GQ" target="_blank">Odyssey</a> </i>» <i>de Rival Consoles</i><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitHe4AgCuaqACGz9NLRxJ6GeSat9ieJ3lr7qVm-Lg9kEYy6MfLsnIRdlJE2Fnj6AUK8SJc0zdC8Pezf-OKfhl0RLVjSNeOvoHgVsJri4B9bhbN76lQhVoxEzha7z_E839Hshw3ekhHxQ/s1600/La+mort+d%2527Odilon+Redon.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitHe4AgCuaqACGz9NLRxJ6GeSat9ieJ3lr7qVm-Lg9kEYy6MfLsnIRdlJE2Fnj6AUK8SJc0zdC8Pezf-OKfhl0RLVjSNeOvoHgVsJri4B9bhbN76lQhVoxEzha7z_E839Hshw3ekhHxQ/s400/La+mort+d%2527Odilon+Redon.jpg" width="298" /></a></div>
Nous grimpons à l'arrière d'une ambulance. Le leader commence son briefing en haussant la voix alors que le véhicule démarre sur les chapeaux de roue.<br />
<br />
« Je m’appelle Justin. Ce que je vais vous dire vous semblera peut-être ridicule, voire même dérisoire. Ecoutez-moi bien. Toute mission est à prendre au sérieux. Il en va de notre survie à tous. Bien-sûr, il est possible que tout se passe comme au bon vieux temps, lorsqu’on faisait ses courses pour la semaine. Il est aussi possible que ça tourne mal, surtout si vous prenez cette mission à la légère. » <br />
<br />
Il fait une pause pour accentuer l’effet dramatique. <br />
<br />
« Ok. Voici notre mission : Il faut récupérez des pâtes, du riz, des céréales et de l’eau. Nous irons par groupes de deux. L’un poussera le caddie et récupèrera les vivres. L’autre restera à côté l’arme au poing au cas où nous ne serions pas seuls. » <br />
<br />
Justin s’adresse à la conductrice : <br />
<br />
« Kate, tu laisseras le moteur en marche. » <br />
<br />
Il se retourne vers nous : <br />
<br />
« Des questions ? » <br />
<br />
Il attend quelques instants et me montre du doigt. <br />
<br />
« Toi, tu iras avec Dana. Si tu vois quelqu’un de suspect, tu n’hésites pas. Cherche pas à viser les jambes ou je ne sais quoi. On ne fait pas le malin. C’est eux ou nous. C’est bien compris ?». <br />
<br />
Nous nous garons dans le parking d’un Wallmart. Des véhicules ont encore leur coffre ouvert. Des caddies errent un peu partout autour de nous comme des bateaux ivres. Je reste derrière Dana qui en récupère un vide à l’entrée. <br />
<br />
Nous arpentons les allées à la recherche de la section ‘boissons’. Il fait sombre. Je fais attention à ne pas trébucher sur des sacs et des légumes pourris qui jonchent le sol. L’autre groupe s’occupe du reste. C’est alors que j’entends deux coups de feu et le silence. Dana se retourne vers moi. Elle est visiblement effrayée. Je fais volte-face. Un homme armé d’un fusil d’assaut me tient en jouc et s’apprête à tirer lorsqu’une ombre passe sur lui. Il fait soudainement froid. Je tremble. Je n’ose bouger. Justin apparaît de l’autre côté du rayon. En face de moi l’allée est vide. L’homme a disparu. <br />
<br />
« Dépêchez-vous ! Il faut partir d’ici ! » <br />
<br />
Nous rejoignons en courant l’ambulance où le compagnon de Justin se tient l’épaule en sang. <br />
<br />
Tout va très vite. A l’hôpital, le blessé est emmené en urgence dans le bloc opératoire. Zachary me demande de venir dans le quartier général avec Justin et Dana. <br />
<br />
Il s’adresse à Justin : <br />
<br />
« Montre-moi sur la carte. » <br />
<br />
Justin désigne un point au nord de l’hôpital. <br />
<br />
Zachary prend un marqueur et trace une croix noire à l’endroit du centre commercial. <br />
<br />
« C’est la première fois. Qui l’a vu ? » <br />
<br />
Justin se tourne vers moi. Zachary me fixe en attendant que je dise quelque chose:<br />
<br />
« Parle! » <br />
<br />
Je mentionne l’homme au fusil. <br />
<br />
« Dis-nous exactement ce que tu as vu. » <br />
<br />
Je réponds que je n’ai pas vu grand chose à part cette ombre fugace. Je leur parle aussi de cette soudaine sensation de froid. <br />
<br />
« Il faut qu’on comprenne ce que c’est. On vit en plein délire ! », s’énerve Zachary. <br />
<br />
Warren s’avance. <br />
<br />
« Calme-toi ! On finira par comprendre. Imagine que ce sont de mini trous noirs. Je sais que cela semble peu crédible, que c’est de la science fiction, mais il faut peut-être se faire à cette idée pour l'instant, pour ne pas perdre la tête. <br />
<br />
- Chacun retourne dans ses quartiers jusqu’à nouvel ordre. », lâche Zachary désabusé. <br />
<br />
Je retourne à la chambre de Max, là où l’intrigue devrait se poursuivre. <br />
<br />
« <i><a href="https://youtu.be/AnmR_PwINu8?list=RDAnmR_PwINu8" target="_blank">A Thousand-Yard Stare</a> </i>» <i>de Rafael Anton Irisarri</i><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbdhQYKlijt-A1WOJ0Mlt63NbOs1v3epSN4ItKk0esaeHhZ5ILGEbHv4ezf20kPhbQom5nA3j9DOEyJA5hH7XEYPjlkUDz4gHZkV7sUHcQZAYGDzKoqWNyl6r6tCItniu0TQaOaY2nww/s1600/hospital_room___life_is_strange_by_jamga-detail.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="316" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbdhQYKlijt-A1WOJ0Mlt63NbOs1v3epSN4ItKk0esaeHhZ5ILGEbHv4ezf20kPhbQom5nA3j9DOEyJA5hH7XEYPjlkUDz4gHZkV7sUHcQZAYGDzKoqWNyl6r6tCItniu0TQaOaY2nww/s400/hospital_room___life_is_strange_by_jamga-detail.png" width="400" /></a></div>
Sa chambre est baignée d’une lumière chaude. Je m’assois sur la chaise à côté d’elle et contemple à nouveau les lents mouvements de sa respiration. Une icône apparaît à l’écran sous la forme d’un microphone dessiné d’une main maladroite. L’aurais-je omise tout à l’heure ?<br />
<br />
Dois-je parler dans le vide ? Que dire ? Il semblerait qu’il soit également possible de taper les mots sur le clavier, mais je me laisse prendre au jeu de la dictée. <br />
<br />
Je commence par me racler la gorge. L’icône réagit. Je murmure un léger ‘Salut Max’ et le mot [Max] s’affiche brièvement à l’écran. <br />
<br />
« Comment vas-tu ? » <br />
<br />
Le mot [comment] apparaît brièvement. <br />
<br />
« Que s’est-il passé ? » <br />
<br />
Le mot [passé] s’affiche subrepticement. <br />
<br />
« Je joue à 'Life is Strange' pour tuer le temps. » <br />
<br />
Les mots [tuer] puis [temps] se succèdent en moins d’une seconde. <br />
<br />
Que dire d’autre ? <br />
<br />
« Je suis au chômage. Je ne cherche pas vraiment de boulot. » <br />
<br />
[Cherche] apparaît brièvement. <br />
<br />
« Chloé ? » <br />
<br />
[Chloé] s’affiche à l’écran une demi-seconde. <br />
<br />
J’ouvre mon carnet et les mots y figurent bien à certains endroits de certaines pages. C’est sûrement un puzzle qu’il faudra résoudre au cours des prochains épisodes. <br />
<br />
Je continue à nommer différents personnages qui s’affichent les uns à la suite des autres. Cela devient un peu lassant lorsque me vient une idée. <br />
<br />
« Qu’est-ce que la zone noire ? » <br />
<br />
Mon écran s’éteint. Je reste interdit quelques instants, une sorte de moment ‘Psycho Mantis’. <br />
<br />
[...]<br />
<br />
J’agite la souris et l’écran s’éclaircit. Je suis toujours à côté de Max, mais je porte une blouse d’hôpital. Blanche.<br />
<br />
Un médecin entre dans la chambre. J’entends des gens discuter dans le couloir. Il s’approche et pose sa main délicate sur mon épaule. <br />
<br />
« Vas-y. Tu peux lui parler. Cela l’aidera à se réveiller un jour, comme toi. » <br />
<br />
Il s’avance vers la fenêtre. <br />
<br />
« Parler te ferait du bien aussi. Cela t’aiderait à recouvrer la mémoire. » <br />
<br />
Mon carnet s’ouvre et je peux sélectionner les mots retenus dans la séquence précédente. <br />
<br />
Je sélectionne [Max]. <br />
<br />
« Pourquoi penses-tu qu’elle s’appelle Max ? », me demande-t-il sans se retourner. <br />
<br />
Je réponds que c’est son prénom : Maxine. Je l’entends prendre des notes sur un carnet. <br />
<br />
Il laisse planer un silence pesant. Je remarque que les boites de dialogues commencent à trembler légèrement. Je décide de parler de [Chloé]. <br />
<br />
« Parle-moi plutôt de ce nuage d’oiseaux. », me demande-t-il tout en continuant à noircir son carnet de notes. <br />
<br />
Les mots et les phrases dans les boites de dialogue ne cessent de changer et de trembler. Il m’est de plus en plus difficile de déplacer le curseur et je clique par erreur sur la réponse suivante : <br />
<br />
« Allez-vous faire foutre, docteur ! » <br />
<br />
Il ne répond pas et appuie sur quelque chose attaché à sa poitrine. <br />
<br />
« Papillon bleu », murmure-t-il et c’est alors que je ne maitrise plus rien. Tout se met à vaciller et la porte de la chambre s’ouvre brusquement pour laisser jaillir une nuée de ces insectes aux ailes azurées. Un bleu électrique envahit l’écran et j’entends alors une succession ininterrompue de cris déchirants. Mes propres hurlements ? Pour me sortir de ce cauchemar, il m’est offert la possibilité de rembobiner la scène pour retourner au début du dialogue. <br />
<br />
[...]<br />
<br />
« Parler te ferait du bien aussi. Cela t’aiderait à recouvrer la mémoire. » <br />
<br />
Je décide de parler de [Warren]. <br />
<br />
« Un brave garçon. Sans lui tu ne serais pas ici. » <br />
<br />
Les boites de dialogues se remettent à vibrer. Je lui demande ce qu’il entend par là. <br />
<br />
Il me regarde, prend un mouchoir de sa poche et me le met sous le nez. Les choix qui me sont offerts se floutent et se dédoublent. Par erreur je choisis de lui mordre la main. Mon sang se mêle au sien. Il se met à hurler, appuie rapidement sur l’appareil attaché à sa poitrine et susurre entre deux râles : « Papillon bleu ». <br />
<br />
L’écran se fait dévorer par des centaines d'ailes bleutées aux élans électriques et mon hurlement se répète à l’infini. </div>
<div>
<br />
[…]<br />
<br />
Je rembobine encore et encore le fil des événements pour sans cesse entendre mon cri se perdre dans cette explosion d’ailes saphir. </div>
<div>
<br />
[…]<br />
<br />
La lumière faiblit et je n'ai toujours pas épuisé toutes les branches que m’offre ce dialogue exténuant. Chaque retour en arrière marque d’une tache écarlate mon retour à la réalité et noircit mon carnet de choix supplémentaires. Emporté[e] par un tourbillon de possibles, je finis par m’écrouler d’épuisement. <br />
<br />
Ma tête heurte le sol dans un claquement sec. <br />
<br />
« <i><a href="https://youtu.be/zX1C9YRDYus" target="_blank">Big Big Love (Fig. 2)</a> </i>» <i>de Foals</i><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTft89x7Xng6TGZuzF_EeGtFTK2QfZlzvqIwfoj-wFEANtbqz3K49MTSgYmvVGKt93oS84IW6akcB4dQ8A2T7_Xj4c0HQMojFWnjiIOKuRvh9TqF1mjeYSCVMhEJ97eahS1AdbQkSktQ/s1600/Ernst+-+Thirty+Three+Little+Girls.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTft89x7Xng6TGZuzF_EeGtFTK2QfZlzvqIwfoj-wFEANtbqz3K49MTSgYmvVGKt93oS84IW6akcB4dQ8A2T7_Xj4c0HQMojFWnjiIOKuRvh9TqF1mjeYSCVMhEJ97eahS1AdbQkSktQ/s400/Ernst+-+Thirty+Three+Little+Girls.jpg" width="311" /></a></div>
Comme si je quittais ma dépouille charnelle, la caméra recule dans un lent traveling arrière et me fait observer la scène de l’extérieur du bâtiment. Agenouillé à mes pieds, le médecin parle à l’appareil clippé à sa poitrine. Des infirmiers en blouse bleue entrent quelques secondes plus tard et emportent mon corps sur une civière.<br />
<br />
Ma vue s’élargit encore. L’hôpital est éclairé d’une lumière surnaturelle alors qu’au loin des éclairs déchirent le ciel noir de L.A. et éblouissent brièvement de monstrueux nuages de pixels noirs. Je peux flotter dans l’air sulfureux et me tourner à droite, à gauche, pour admirer ce ballet d’oiseaux de mauvaise augure s’enrouler autour de certains immeubles de la ville comme des nuées de papillons de nuit autour de réverbères. <br />
<br />
Je ferme les yeux sur cette vision hystérique et laisse Morphée me brancher à d'autres contrées irréelles.<br />
<br />
A suivre.
<!--EndFragment--><br />
<br />
<span style="font-size: xx-small;">Illustrations par ordre d'apparition:</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">1- De la série "Editorials" de Simon Prades</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">2- "La reproduction interdite" de René Magritte</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">3- Auteur non trouvé</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">4- De la série 'Corridors' de Catherine Yass</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">5- "La Mort" d'Odilon Redon</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">6- Détail de "Hopital Room" de 'Jamga'</span><br />
<span style="font-size: xx-small;">7- "33 fillettes partant à la chasse au papillon blanc" de Marx Ernst</span><br />
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</div>
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</div>
<br />
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</div>
<br /></div>
<div>
<br /></div>
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<div>
<br /></div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-62961687971205881422015-12-30T18:52:00.000+01:002017-10-24T23:46:39.817+02:00"Star Wars : Le Réveil de la Force" de J.J. Abrams<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfOrlM0LSh8Fh8K-qrdIJf5fW49WnoNMXGixtAGCi2vmX99o-FBsHaIMpeEMmvbmGXESN5HsK0Y8SPDQAyzLmSYwQPmNWIqiyKGVgLF4v4Crf449Nbez0ad2D74NXCfhj-3tkcfavX7Q/s1600/ViveDarkVador.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfOrlM0LSh8Fh8K-qrdIJf5fW49WnoNMXGixtAGCi2vmX99o-FBsHaIMpeEMmvbmGXESN5HsK0Y8SPDQAyzLmSYwQPmNWIqiyKGVgLF4v4Crf449Nbez0ad2D74NXCfhj-3tkcfavX7Q/s320/ViveDarkVador.jpg" /></a></div>
<br />
La machine de guerre promotionnelle de Disney a propulsé le nouvel opus de cette saga intergalactique au top des films les plus lucratifs de l’histoire du cinéma hollywoodien. Est-ce la preuve que c’est un bon film ? En tous cas, c’est un film qui a su attirer anciens et nouveaux fans de Star Wars grâce à une campagne marketing efficace. J.J. Abrams a lui-même - depuis longtemps - préparé le terrain en disséminant des références nostalgiques à Star Wars dans la plupart de ses films et notamment dans le dernier Star Trek Into Darkness.<br />
<br />
Le Réveil de la Force est un succès commercial indéniable, mais une fois la magie du générique dissipée, c’est un film décevant. Il entonne dès les premières images une longue marche funèbre pompeuse et pompière, enterrant une à une les dernières icones de la saga culte. A l’image du sabre laser qui a perdu son maître, ce film n’est qu’un piètre relais que se passent tristement les anciens et nouveaux protagonistes de cette aventure vieille de près de quarante ans dans l’attente d’un film à la hauteur des espérances. Le réveil de la force y est fébrile. Sa flamme vacille rapidement et n’éblouit jamais. Ce septième sceau n’est clairement pas une révélation. Il ne surprend ni n’émerveille. Il déroule sans génie sa litanie de clichés et de clins d’œil trop appuyés aux autres épisodes de la série. L’Episode VII ne renouvelle ni ne transcende ce que George Lucas sut créer avec trois bouts de ficelles techniques et un réel talent de tragédien.<br />
<br />
La promotion de la promotion d’une promotion d’un film qui ne verra jamais le jour. Telle est la formule magique des franchises hollywoodiennes qui n’en finissent plus de promettre le grand soir. Tout cela a été depuis longtemps théorisé et mis en pratique par les studios et les producteurs de séries TV américains sous le terme de cliffhanger. Soyez patients, accrocs du petit et grand écran ! Le mystère de la création sera élucidé à l’épisode suivant. En attendant peu importe si l’histoire est médiocre, le fond creux, les dialogues pauvres tant que le tout est noyé dans un déluge savamment orchestré d’effets spéciaux – on en a pour son argent - et que l’aventure continue. Soyez patients, fans de Star Wars ! Le prochain sera le bon. Promis. To be continued.<br />
<br />
Cette méthode de faussaire est au cœur de la mécanique bien huilée des blockbusters à tiroirs et sert de cache-misère à une industrie en mal de scenarii ambitieux et exigeants. Surprendre, émerveiller et faire réfléchir sont les risques que les studios américains - brassant des milliards de dollars en production, marketing et distribution – sont de moins en moins enclins à prendre. Promouvoir à défaut d’émouvoir, ils sont ainsi passés maître dans l’art d’assurer la vente et l’après vente de la promotion de films qui ne sont jamais que l’ombre du suivant.<br />
<br />
Le Réveil de la Force ne fait pas exception et égrène lieux communs, personnages et archétypes des films de l’autre, le ‘Rohmer’ du cinéma de science-fiction, le mal-aimé des soi-disant fans de Star Wars, la cible facile des pseudo-critiques cinéphiles qui ne savent plus juger un film au-delà de sa forme. Car au point de vue formel, Le Réveil de la Force est de bonne facture, mais au delà des travellings étourdissants et des espiègleries d’un Han Solo grabataire, que reste-t-il des intrigues politiques, des dilemmes cornéliens et tragédies œdipiennes des films de Lucas ? Presque rien. J.J. Abrams est surement un fan de Star Wars, mais il n’a malheureusement pas compris grand-chose à sa mythologie.<br />
<br />
Avant de rentrer dans le vif du sujet et juger sereinement le film d’Abrams, dissipons tout de suite un malentendu. Si George Lucas est un metteur en scène parfois médiocre, il n’est pas moins un des plus grands conteurs du cinéma hollywoodien. Beaucoup de fans et de critiques ont glosé sur La Menace Fantôme et L’Attaque des Clones. Ces films sont certes loin de la mise en scène spectaculaire de l’Episode VII, mais les histoires qui les sous-tendent sont bien plus riches et complexes, mêlant intrigues politiques et réflexions philosophiques passionnantes pour tout amateur de science-fiction.<br />
<br />
Qu’en est-il de l’histoire du film d’Abrams ? Elle n’est qu’un méli-mélo de toutes les intrigues des précédents films de la série. La jeune héroïne de l’Episode VII est ainsi (presque) orpheline, mécanicienne experte, pilote hors-pair, tout comme Luke avant elle. Mêmes traits, même parcours initiatique, même ligne scénaristique. Est-ce que sa féminité serait sa seule originalité ? Inverser les motifs et codes des autres films n’ai nullement une preuve d’originalité, notamment lorsque le procédé devient systématique. L’Episode VII multiplie ainsi les inversions et variations sur les thèmes principaux des autres épisodes, développant un écheveau d’intrigues artificielles sans réel fondement. Des documents secrets dissimulés dans un droïde ; le massacre d’un village ; un bar peuplé de créatures bigarrées ; l’épreuve de la ‘cave du mal’ ; une bataille décisive sur une planète glaciaire ; un parricide inévitable ; une super étoile de la mort condamnée au même sort que ses grandes sœurs ; un Jedi exilé sur une planète introuvable. L’inventaire à la Prévert pourrait continuer jusqu’au fin fond de la galaxie.<br />
<br />
Les scénaristes du Réveil de la Force ne se sont pas foulés en ne changeant que quelques lignes aux histoires déjà écrites par George Lucas et ont tout mixé grossièrement sans faire preuve d’aucune finesse d’écriture. Si ce dernier n’avait pas donné son blanc-seing, on n’aurait crié au mauvais plagiat. Mais chut ! Ne réveillez pas les accrocs de ces films à gros budget qui ne sont que la resucée d’autres films à gros budget. Il ne faudrait pas qu’ils se rendent compte qu’on leur sert toujours la même soupe d’effets spéciaux insipide. Ils pourraient finir par bouder les salles obscures et se mettre à y préférer la lecture lumineuse d’Isaac Asimov, Arthur C. Clarke, Frank Herbert et Dan Simmons.<br />
<br />
N’y-a-t-il donc rien d’original dans l’Episode VII ? Il y a bien l’histoire de ce Stormtrooper qui a du mal à adhérer à la logorrhée imbitable des nazillons de pacotille du Premier Ordre. Il y a de quoi le comprendre quand leurs représentants ont si peu de charisme. L’un nous fait son Adolphe tonitruant et l’autre sa crise d’ado. L’Empire a clairement perdu de son panache. L’absence du personnage principal des six films précédents - Dark Vador – se fait cruellement sentir. Le pauvre a été réduit à une relique idolâtrée par un éphèbe aux penchants obscurs. L’Empire y est infantilisé et ridiculisé. C’est le pire affront que l’on peut faire à la saga Star Wars.<br />
<br />
Le côté obscur se doit d’être une alternative crédible au pacifisme combatif des chevaliers Jedi, mais le politiquement correct et les bons sentiments l’ont définitivement dissous dans la mièvrerie. Le piètre successeur de Dark Vador fait tomber le masque assez rapidement et se révèle être sans consistance ni conviction. Il tue son père pour lui prouver qu’il n’est pas un ‘faible’. Le basculement d’Anakin de l'autre côté du miroir aux alouettes d'une république corrompue et d'un ordre Jedi à l'ascétisme fanatique avait bien plus de force et de sens.<br />
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Le triomphe commercial de l’Episode VII est compréhensible vu le niveau de l’attente d’un véritable réveil de la force, mais son succès critique est insensé ou - encore pire - manque de sincérité. J’attends sans grand espoir que l’Empire des véritables fans de Star Wars contre-attaquent pour rééquilibrer la Force et réveiller son côté obscur.Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-11905704282035172182014-11-04T00:58:00.001+01:002017-10-25T00:17:58.960+02:00"Akira" de Katsuhiro Otomo<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWQWN4bnuqPOhleEVoSABNQbqI-X0Xom2gE9la68nqZgyeReU6pnOCZjzoWvfTfIV6ZLb7eAcGkwjrTOALhzT_xWMQ6GuLDRWFK80Wo5oThjwmnAax-PGDY1sElWQrTQBfhknuZ2dcgQ/s1600/akira-tetsuo.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWQWN4bnuqPOhleEVoSABNQbqI-X0Xom2gE9la68nqZgyeReU6pnOCZjzoWvfTfIV6ZLb7eAcGkwjrTOALhzT_xWMQ6GuLDRWFK80Wo5oThjwmnAax-PGDY1sElWQrTQBfhknuZ2dcgQ/s1600/akira-tetsuo.jpg" width="212" /></a></div>
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Ni Dieu, ni maître.<br />
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« Je dirai […] la vérité aux Français. » avait déclaré Manuel Valls lors de son discours de politique générale en citant Pierre Mendès France. La vérité ? Valls l’a dite au Medef (Mouvement des Entreprises de France) : « Nous vivons dans une économie de marché, dans un monde globalisé […] » et l’Etat français finit d’achever sa Providence emportée dans cette immense vague de ce que nous appelons, sans trop savoir ce que c’est, la mondialisation. Libre circulation des marchandises, des capitaux, des hommes. Matérialisme exacerbé à l’ère de l’immatériel. La déshumanisation mondiale serait depuis longtemps programmée. Il ne resterait que quelques barrières technologiques à faire tomber et nous n’aurons même plus d’âme à marchander.<br />
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Faut-il donc accepter sans coup férir le déclassement de notre civilisation ? Se lamenter du « grand remplacement » ? S’indigner ? Célébrer la diversité ? S’adapter à son temps ? Conserver notre mémoire collective? La sauver de ces hordes de djeunes écervelés? Toutes ces grandes questions agitent le bocal médiatique. En attendant le peuple se désintéresse massivement de la politique, la fracture sociale s’approfondit, l’endettement se creuse, les acquis sociaux se démantèlent, les communautarismes se renforcent, les pensées se radicalisent, les paroles de haine se libèrent, la paranoïa collective s’intensifie et les intellectuels cherchent en vain à relancer la machine idéologique. « C’est vraiment une misère que de vivre sur la terre ! »1<br />
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Alain Finkielkraut commence son dernier livre, L’identité malheureuse, par se rappeler son histoire pour l’intégrer dans la grande. Il a l’intime conviction qu’il comprend ce mal qui gangrène les démocraties occidentales et tout particulièrement la nation française. C’est ainsi qu’il nous donne accès au long cheminement d’une pensée qui émergea des cendres de l’évènement le plus terrible du 20ème siècle. Il nous conte la chronique d’une mort annoncée, celle de notre culture. <br />
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Comme Saint Julien l’Hospitalier, j’aimerais l’accueillir sur ma barque, le faire passer de l’autre côté, l’amener chez moi, dans mon intimité, lui offrir mon pain, mon vin, ma chaleureuse amitié dans l’espoir que ce parfum mortifère se transforme en souffle divin. <br />
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Je suis Tetsuo, Tetsuo Shima. Je suis né dans la banlieue sud de Néo-Tokyo. J’ai aimé cette ville « nouvelle » où les arbres, encadrés de barres d’immeubles, ne touchaient jamais le ciel. Je fus un enfant solitaire, réservé, perdu dans mes rêves nourris de mangas et de jeux vidéo. Ce fut l’univers parallèle de mon adolescence et celui, je pense, sans trop me tromper, de ma génération, celle qui amorça une rupture discrète mais profonde avec celles antérieures. Sans véritable idéal politique, abreuvée d’images, peu versée dans les lettres classiques, cette génération, je la fis mienne. Sa sous-culture fut mon point d’ancrage dans un monde en plein bouleversement géopolitique et une société en proie aux crises économiques à répétition. <br />
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Le jeune que je fus ne me semble pas grandement diffèrent du jeune d’aujourd’hui, celui à qui « rien ne manque » selon Alain Finkielkraut. « Il ne peut vouloir qu’on l’élève : il est sur un trône. » Je fus effectivement ce jeune désœuvré ne trouvant de modèle vers qui lever mes yeux. Comment s’identifier à ceux qui ne seront jamais quelqu’un ? A quoi bon s’obstiner à écouter le maître, à boire ses paroles, à apprendre quand le talent n’est pas là. Je préférais gribouiller des obscénités dans un coin de mon cahier plutôt qu’écrire sans profondeur. J’admirais la beauté. Je ne la saisissais jamais. Elle passait devant moi sans me regarder et j’étais bien trop timide pour l’extirper de mes fantasmes poisseux. A quoi bon s’acharner quand le cœur n’y est pas ? La société avait certes des choses à m’offrir, une perspective d’avenir, un job, une carrière, un heureux mariage, une famille nombreuse, une retraite paisible. Quand mes rêves se sentaient à l’étroit, il me restait la magie du cinéma, les éternels rebondissements des séries télé, les yeux explosés par les jeux vidéo, les soirées trop arrosées, les conversations sans but, les amis d’un jour ou d’une vie, les nuits sans lendemain. Tant de choses pour laver mon cerveau de toute aspiration à renaitre. <br />
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Ce que j’affectionnais cependant, c’était de sécher les cours à l’université pour m’adonner à mon passe-temps favori : la vitesse. Une amphé sur la langue, la pupille dilatée, les mains serrant nerveusement le guidon de ma moto trafiquée, je brulais le bitume et ma jeunesse sur les autoroutes abandonnées de Néo-Tokyo. <br />
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Je me foutais bien de l’école ne voyant aucun avenir dans une société gangrénée par la corruption et vendue au travail. Filant à toute berzingue dans la nuit, le regard vide, la pensée claire, j’oubliais que la République ne m’avait laissé ni Dieu, ni maître.<br />
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Soudain surgit cet enfant vieux au milieu de l’autoroute, figé dans l’instant, ébloui par la violence du phare de ma moto. L’enfance qui ne finit pas. Le choc entre le réel et le fantastique fut inévitable. Ma névrose explosa. Ma pensée se libéra. Ma puissance grandit dans des proportions illimitées. Je dominais les hommes, mais cette liberté totale, cette jouissance infinie, m’amena inéluctablement à une dégénérescence de la chair. Je portais le monde à ma bouche et dévorais le corps de celles que je dévorais jadis des yeux. Je régressais en enfance, là où tout avait mal commencé, là où tout doit recommencer. La naissance d’un nouvel empire sur les cendres d’une République à laquelle on ne pourra jamais pardonner Hiroshima. La naissance d’un nouvel homme qui aura retrouvé son Dieu, son maître : l’espoir. Akira.<br />
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(1) L’imitation de Jésus-Christ, Thomas A Kempis</div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-87996685107972413462014-07-19T23:35:00.001+02:002024-03-21T22:09:12.306+01:00"Interstellar" de Christopher Nolan<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpRrTIgCx-HcxFxlGhVZh6toLB_tZeZI1Ly7G2O8LWWW56bP-gleaPW6sRgY6DPAlpoZFf_Kt0aZUaHZnXlkz-h5Bd0nT8R0EQYTVb1xlskWF64LCDz1ERkaMYm6wN97dvx9dPG8rw3w/s1600/413030557_6750367710_z.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpRrTIgCx-HcxFxlGhVZh6toLB_tZeZI1Ly7G2O8LWWW56bP-gleaPW6sRgY6DPAlpoZFf_Kt0aZUaHZnXlkz-h5Bd0nT8R0EQYTVb1xlskWF64LCDz1ERkaMYm6wN97dvx9dPG8rw3w/s1600/413030557_6750367710_z.jpg" width="309" /></a></div>
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La mise en orbite d’<i>Interstellar</i> est imminente. Alors que Christopher Nolan se tourne vers les étoiles et que le spectateur s’attend à un nouveau déluge d’effets spéciaux, le temps semble propice à rester chez soi et à jeter un œil aux origines de son œuvre cinématographique.<br />
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L’infini, il connait: histoires qui tournent en boucle, personnages qui tournent en rond. <i>Following</i>, film fauché, compliqué, névrosé et raté portait en lui les germes du succès futur d’un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération : scénario « poupée russe », héros perdu dans des faux-semblants, ambiance étouffante, image léchée, tous les ingrédients y était, mais la sauce ne prit pas. </div>
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Elle prendra au film suivant, <i>Memento</i>, co-écrit avec son frère, Jonathan Nolan, ainsi que la plupart de ses autres triomphes critiques et commerciaux. <i>Memento </i>est le film sans mémoire d’un metteur en scène issue d’une époque qui ne se souvient plus ou qui veut oublier : l’histoire des hommes, ce qui les lie, leur Destin commun. </div>
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Il le cherche pourtant dans chaque film, y met toute son énergie, toute sa créativité. Son incapacité à transcender est touchante. Son désir de toucher l’invisible est contagieux et avec lui nous espérons qu’au-delà des <i>cliffhangers</i> à répétition, nous découvrirons ce qu’il manque à Christopher Nolan pour saisir ce rien qui fait un tout. Hitchcock, Bergman, Tarkovski, Kubrick, Russell, Roeg, Cronenberg, Allen, Lynch, Soderbergh, Cameron y sont bien arrivés. Pourquoi pas lui ? Que lui manque-t-il pour s’élever au-dessus de cette foule de réalisateurs qui se sont essayés à la science-fiction et au fantastique sans jamais ou rarement réussir à pénétrer le secret de leurs maîtres : Scorcese, De Palma, Lucas, Scott, Spielberg, Verhoeven, Wachowski, Aronofsky, Niccol, Snyder, Abrams, Jones, Edwards, Cuarón. La liste est longue, interminable et ennuyeuse. </div>
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Que fait défaut à ces metteurs en scène prodiges pour s’affranchir du monde des images ? Une culture littéraire ? Une profondeur que la caméra ne saura jamais atteindre. Ces mots qui lient les hommes aux delà des apparences et déjouent les clichés même lorsqu’ils sont tus. </div>
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Une culture musicale ? Ce souffle insaisissable qui ébranle les cœurs les plus insensibles. Ce liant qui fait oublier que le cinéma est discontinu, un roman-photo, un tour de magie souvent sans prestige. </div>
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Un art du cadre ? Une structure pour nos vies insensées, une digue contenant le débordement de nos passions. Cette fenêtre sur l’infini, Christopher Nolan n’en a pas encore scié les barreaux. Son enferment est mental. Un labyrinthe de verre et de miroirs. Une profusion de reflets où le regard d’une femme pourrait laisser penser à une possible échappatoire : Qu’elle soit mure (Lucy Russell), froide (Carie-Anne Moss), sensuelle (Scarlett Johansson), ingénue (Maggie Gyllenhaal), adolescente (Ellen Page) ou, cette fois-ci, enfant (Mackenzie Foy), partageons l’espoir que dans ce dernier regard qui renvoie tout homme à ses origines, Interstellar prendra son envol et déploiera son imaginaire dans des cieux inexplorés. Nous pouvons toujours rêver. </div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-70068069915519937842014-01-21T16:47:00.000+01:002017-10-24T23:48:12.301+02:00"La Vie d’Adèle - Chapitres 1 et 2" d’Abdellatif Kechiche<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi29ZFJPajLFE_raFhku420Yt7GzNkAJ9yQDe0OdZFRLa9zXtwnbQpHdevM_bHYsj8i_LHsaOEqF4lODfE0SfjW-hw3RBX-brZoxMMtSzNsijHBWTnTcGbjYcinM650LzVrKDBfOpTc7Q/s1600/La+vie+d'adele.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi29ZFJPajLFE_raFhku420Yt7GzNkAJ9yQDe0OdZFRLa9zXtwnbQpHdevM_bHYsj8i_LHsaOEqF4lODfE0SfjW-hw3RBX-brZoxMMtSzNsijHBWTnTcGbjYcinM650LzVrKDBfOpTc7Q/s1600/La+vie+d'adele.jpg" width="239" /></a></div>
C’est l’histoire d’une jeune fille qui cherche sa voix. Comment la libérer des alluvions charriées par le flow du phrasé populaire ? Comment l’emporter dans les brises légères du marivaudage ? Comment sortir des apparences et s’enfoncer dans les profondeurs du réel, remuer sa boue, surmonter ses miasmes, déloger la pépite de vérité qu’Abdellatif a vu briller dans les yeux d’Adèle ?<br />
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Une rencontre, un coup de foudre, un rêve. Celui qui permettra à Adèle de sortir d’elle-même, qui permettra à Abdellatif de poser un regard étranger sur son identité. </div>
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Un choc. Visuel, sonore, culturel, social. C’est Emma, une étudiante aux Beaux Arts, aux cheveux bleus, au sourire carnassier prêt à dévorer son modèle. Y-aurait-il des arts moches se demande innocemment Adèle, elle qui est belle comme une rose qui aurait fleuri au sommet d’un tas de fumier ? Abdellatif voudrait tant l’arracher de ce milieu qui se goinfre de bolognaise, mais il n’ose pas vraiment. De quoi a-t-il peur ? De blesser cette jeune fille dans la fleur de l’âge ? D’égratigner cette image bien léchée ? De trahir l’origine de son nom ? De l’enlaidir ? Certes la morve se mélange aux larmes mais où est donc la sueur qui aurait dû faire basculer la midinette dans la moiteur du désir ambigu, du plaisir interdit, de la réalité du monde adulte, dure, incertaine, irréductible à toute idéologie ? </div>
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Abdellatif reste étrangement étranger à cette scène cruciale de son film, de son discours, de sa réflexion sur les amours tourmentées entre des religions, des cultures, des langues différentes. Doivent-elles vraiment se mêlées au risque de s’aliéner, que l’une d’elle se perde dans l’autre ? Peuvent-elles être des égales, des reflets inversés ? Abdellatif ne veut pas rentrer dans le vif de son sujet, dans ce qui fait mal, dans ce qui rend tout véritable amour impossible. Aurait-il peur de cette fusion où le perdant n’est pas forcément celui qu’on croit ? Si la parité parfaite donne une belle image, ne fait-elle pas illusion? Abdellatif, pétrifié par cette question fondamentale à son cinéma, reste interdit face à ses deux héroïnes, entre deux eaux troubles, incapable de donner chair à un idéal qui lui est cher, celui d’élever la voix de la jeunesse au niveau de celle de ses pères. </div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-16010541355614274202013-10-26T19:42:00.000+02:002017-10-24T23:48:36.559+02:00"?" de Quentin Tarantino<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi71gLlm5C6gw6WgYDVK8kt6fo-E8Sqgyrgb8Mha2_5wxgUv42_kZYyxy6QYgBnHF00RlD5ggfybjRyb0bvjqbeukUWnRrcXCnj3Co4MfvCwUKhvhXr8CwRibqh08VOJuQLL8aZRHvyDA/s1600/jonas-burgert2.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi71gLlm5C6gw6WgYDVK8kt6fo-E8Sqgyrgb8Mha2_5wxgUv42_kZYyxy6QYgBnHF00RlD5ggfybjRyb0bvjqbeukUWnRrcXCnj3Co4MfvCwUKhvhXr8CwRibqh08VOJuQLL8aZRHvyDA/s320/jonas-burgert2.png" width="273" /></a></div>
<span lang="FR" style="font-family: "calibri" , "sans-serif"; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;"><br /></span>
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Le dernier film de Quentin Tarantino n’a pas encore vu le jour, mais il marque une réelle rupture dans sa cinématographie. Certains diront que c’est le film de la maturité pour ce réalisateur puéril. D’autres seront déçus. Beaucoup seront déçus. En tout cas, son dernier film ne laissera personne indifférent.<br />
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Son titre déjà interpelle. Imprononçable, il est pourtant le plus beau titre qu’il pouvait trouver pour ce film qui parle de l’innommable, qui parle d’un jeune homme dont le geste irréparable laissa le monde sans voix. </div>
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Le film commence par un long plan-séquence sur la musique envoûtante d’Eluvium, « <a href="http://www.youtube.com/watch?v=lvAHrrtJgKc&feature=kp">The Motion Makes Me Last »</a>. Un étudiant comme les autres arpente les couloirs de son université tel un fantôme. Il rase les murs. Il est peu communicatif. Probablement timide ou perdu dans ses pensées. Quand on lui parle, il semble qu’il aimerait répondre, mais les mots lui restent en travers de la gorge. Certes l’anglais n’est pas sa langue maternelle. </div>
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Lorsque ses parents décidèrent de quitter la Corée du Sud pour vivre le rêve américain, il avait huit ans. Quand bien même l’anglais n’est pas sa langue, il doit se forcer. Faire l’effort pour s’intégrer. Jouer les apparences pour se fondre dans le décor, mais le cœur n’y est pas. Les mots qu’il doit enchaîner à la suite de ceux qui emportent le monde dans sa litanie ne viennent pas ou trop tard. Les autres se détournent de lui, s’éloignent et versent leur flot de paroles dans le courant incessant des conversations sans but. Lui reste dans son coin, silencieux tel les héros de ces Western Spaghetti que Tarantino affectionne tant. Le regard noir du jeune homme ne laisse rien transparaître de sa pensée. Il incarne peu à peu ce titre mystérieux. </div>
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C’est alors que le film bascule. Après plus de quarante minutes sans dialogue signifiant, l’espace cinématographique se dégage peu à peu autour de l’étudiant, la solitude s’installe et émerge du silence la voix intérieure du héros : claire, fluide, terrible. Elle glace le sang car elle nous donne soudain accès à ce qui se cache derrière le visage de marbre de cet acteur inconnu. Sa voix si puissante et assurée nous transperce le cœur. Nous comprenons que son enfermement dans le mutisme va progressivement susciter autour de lui l’indifférence et le mépris, une violence sourde, une mort sociale à laquelle il ne pourra échapper. Si seulement quelqu’un cherchait à le confronter, à le comprendre, à le faire sortir de ses gonds pour qu’il réintègre la communauté étudiante. Mais personne ne s’occupe vraiment de lui. Mis à part le spectateur, plus personne ne l’entend. </div>
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A travers le regard de son héros, Tarantino s’intéresse alors à son compagnon de chambre, puis à son professeur de poésie et enfin à une étudiante dont le héros s’était amouraché. Tout ce petit monde se révèle inconsistant, ne cherchant en l’autre non pas un semblable, mais un moyen d’accomplir sa volonté de puissance. Après Haneke et Gus Van Sant, Tarantino apporte sa pierre au mystère des crimes de masse. </div>
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Son film s’interrompt brutalement juste avant le drame par un écran noir sans crédits. Seule résonne pendant de longues minutes la voix véritable de l’étudiant meurtrier confessant sa haine pour tous ceux qui ont ignoré sa souffrance. Le néant a remplacé la violence graphique qui faisait la réputation de Tarantino. Ce réalisateur aussi talentueux que puéril semble vouloir se confronter désormais aux limites de son propre cinéma en posant cette question : comment un film peut-il servir de miroir à une humanité qui ne sait plus voir au-delà de sa propre image ?</div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-46576610301472968892013-10-26T15:56:00.001+02:002017-10-25T00:19:07.636+02:00"Blue Jasmine" de Woody Allen<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMnsMLznBhPB0pmfEz2umDPT2tpecLh7l3OoY1V1s2vCYpvo3H8ibuU-90Z1xK2IigTcwyp_QK3ocjnzgayjPt2juJycspa3SI2GcGUJZ8dXiyqiijSLAgsz4VhCACZqhMe1Vxfg_D9Q/s1600/blue_jasmine_xlg.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMnsMLznBhPB0pmfEz2umDPT2tpecLh7l3OoY1V1s2vCYpvo3H8ibuU-90Z1xK2IigTcwyp_QK3ocjnzgayjPt2juJycspa3SI2GcGUJZ8dXiyqiijSLAgsz4VhCACZqhMe1Vxfg_D9Q/s320/blue_jasmine_xlg.jpg" width="215" /></a></div>
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<i>Blue Jasmine </i>est un film qui vous étouffe, vous broie. Ses personnages sont des poupées de porcelaine brisées par les doigts noués de leur marionnettiste. Dans ses mains tremblantes, des restes de coquilles vides attendent que le vent se lève et emporte cette poussière vers les étoiles. Ce que cherche Woody Allen ne se trouve pas dans cette humanité mille et une fois maltraitée dans son cinéma, ni dans les paroles déchirantes de Jasmine, mais dans ce regard bleuté qui au dernier moment nous échappe. Ce que cherche Woody Allen est hors champs. Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-19760218784356191102013-09-09T00:37:00.000+02:002017-10-24T23:49:21.866+02:00"Only God Forgives" de Nicolas Winding Refn<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVFHCgzMSUF5vhlijB3WOg1CpD7UQM8-yw4dfje1HlfK4ZTNgqoDZNHqDyilzNWQTL3hZX6cdNQH3y1BH39TuYWaP6GuVk_kLi9F2VQIJ-BC9bu_UVB6joCBWYB7TilTEh6aOs5BDJPA/s1600/4kuxl1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVFHCgzMSUF5vhlijB3WOg1CpD7UQM8-yw4dfje1HlfK4ZTNgqoDZNHqDyilzNWQTL3hZX6cdNQH3y1BH39TuYWaP6GuVk_kLi9F2VQIJ-BC9bu_UVB6joCBWYB7TilTEh6aOs5BDJPA/s320/4kuxl1.jpg" width="213" /></a></div>
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Il n’y a que Dieu qui pardonne. Les hommes eux ne pardonnent rien. Ils ont du sang sur les mains depuis belle lurette, le premier crime étant celui d’une mise au monde et le reste un enchainement de petites morts.<br />
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Pas de pitié. Pas plus pour ses personnages que pour ses spectateurs. Nicolas Winding Refn ne veut pas prendre le sujet de son film à bras le corps. C’est quoi le sujet ? Celui qui hante le cinéma depuis toujours? N’en parlons-pas. Pas encore. Il ne veut pas en parler. Il ne sait pas quoi en dire. Il ne veut pas balbutier des banalités. Il ne veut pas se salir les mains. Il préfère se les faire trancher. Pour nous ce serait le soulagement. Ce serait vite réglé. Après un quart d’heure de torture, nous pourrions aller siroter une limonade à la terrasse d’un café et attendre que la vie nous surprenne au coin d’une rue, au détour d’un regard. </div>
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Et bien non. Nicolas Winding Refn veut nous faire subir jusqu’au dégoût son impuissance à filmer une scène d’Amour, cette scène qui faisait déjà défaut à son film précédent. La sensualité du début de <i>Drive</i> était certes séduisante. Ryan Gosling n’y disait pas grand-chose, mais nous étions suspendus à ses lèvres dans l’attente qu’elles s’unissent à celle de Carey Mulligan. Mais la violence éclaboussa l’écran. </div>
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Le sexe est-il si anti-cinématographique ? Serait-il si réel qu’il nous arracherait de la fiction, elle qui se voudrait plus réelle que le réel? Il embarrasse en tout cas la plupart des réalisateurs, même les plus grands. Reste le sang. Le sang serait alors la solution cinématographique pour montrer ce que nous n’osons regarder. Figurer l’invisible, exprimer l’ineffable. Et le sang étant si peu versé dans nos vies protégées fort heureusement de ses effusions, il incarne assez facilement la couleur de l’impossible, de l’impensable. Il est magique. Quand il s’écoule, notre souffrance - notre vie – semble réelle. </div>
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Vraiment? Comme tout tour de magie, ce n’est qu’une illusion. Nous aimons y croire sans y croire. Nicolas Winding Refn n’y croit pas du tout. Shut! Ça lui fait mal. Il ne peut pas en parler. Pas touche! La blessure est vive. L’invisible n’est pas à sa portée. Il lui fait violence pour qu’il crève l’écran. Nicolas Winding Refn le cherche avec rage dans ses entrailles, mais ne fait que déchirer l’écran et nous martyrise jusqu’à l’épuisement. Il nous retire tous nos sens jusqu’à il n’y ait effectivement plus rien à ressentir, plus rien à voir, plus rien à dire, plus rien à aimer. L’invisible ne nous est plus accessible. </div>
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Son film saigne, mais sa souffrance n’est pas réelle car la réalité de toute souffrance est un torrent de larmes. Certains diront que c’est beau tout de même, que la beauté seule peut émouvoir. La Thaïlande c’est rarement laid. De ses néons à sa jungle, c’est difficile de se rater. Si seulement il avait chopé cette fièvre tropicale qui aurait donné du fond à son film au lieu de le toucher. </div>
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Nicolas Winding Refn serait-il un réalisateur qui aurait mal tourné? Il a clairement mal négocié son virage après <i>Drive</i>. Une sortie de route pourrait peut-être le remettre sur la bonne. Maintenant qu’il a assouvi ses désirs œdipiens, il pourrait enfin embrasser son sujet, celui avec un grand A, et pénétrer cet invisible qu’il n’ose regarder dans les yeux. Si Dieu existe il ne pardonnerait surement pas qu’on s’enivre de son sang sans jouir de son corps. De la tendresse, bordel!</div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-5962210061230865712013-07-21T12:22:00.000+02:002017-10-24T23:49:48.217+02:00"LIMBO" d’Arnt Jensen<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhW6gVhUfc01e6-qgTL1u_-X-NZCO76Or_IXClW-HlnMLeGXMAaLP1c77i5m6F7mo_DA4k5_11EmYqDHjByhA-2456ED7wy_JIygLJrD6hpsX5SJAai6u7xk6pLOz329GNyp8HPWa-OtQ/s1600/limbo.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhW6gVhUfc01e6-qgTL1u_-X-NZCO76Or_IXClW-HlnMLeGXMAaLP1c77i5m6F7mo_DA4k5_11EmYqDHjByhA-2456ED7wy_JIygLJrD6hpsX5SJAai6u7xk6pLOz329GNyp8HPWa-OtQ/s320/limbo.jpg" width="320" /></a></div>
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<span lang="FR"><br /></span></div>
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<a href="http://limbogame.org/" target="_blank">LIMBO</a> se situe
dans la lignée de nombreux jeux vidéo au design simple mais envoutant qui
constellent la toile depuis l’avènement des réseaux sociaux : <a href="http://www.kongregate.com/games/2DArray/the-company-of-myself" target="_blank">THE COMPANY OF MYSELF</a>, <a href="http://armorgames.com/play/4850/" target="_blank">SMALL WORLDS</a>, <a href="http://www.kongregate.com/games/ArmorGames/k-o-l-m" target="_blank">K.O.L.M.</a>, <a href="http://www.kongregate.com/games/wittyhobos/coma" target="_blank">COMA</a>, <a href="http://www.kongregate.com/games/GraniteGear/warp-game" target="_blank">WARP GAME</a>, <a href="http://www.kongregate.com/games/logosogol/take-a-walk" target="_blank">TAKE A WALK</a>, <a href="http://www.kongregate.com/games/AlexanderOcias/loved" target="_blank">LOVED</a>, <a href="http://jayisgames.com/games/but-that-was-yesterday/" target="_blank">BUT THAT WAS [YESTERDAY]</a>. LIMBO n’est donc pas si original - l’êtes-vous ? -, mais sa popularité croissante mérite qu’on s’y
intéresse de plus près. Approchez-vous, n’ayez pas peur. Laissez-vous tenter
par ses graphismes, son <i>gameplay</i> et
son histoire minimalistes. Un enfant se réveille dans une forêt noire. Vous
êtes cet enfant. Suivez cette ombre chinoise qui se détache du brouillard épais
de votre pensée. Laissez-vous guider et avec lui explorez prudemment ce paysage
monochrome. Mais soyez attentifs. De nombreux dangers mortels se fondent dans
le décor. Votre solitude se confrontera rapidement à une violence sourde et
mystérieuse. Gardez votre sang froid. Méfiez-vous de cette concupiscence acérée
comme les pattes stylisées d’une tarentule. Mais que faites-vous ? Vous ne
pouvez hésiter entre vous échapper ou vous perdre. Courrez, sautez, cherchez un
sens à ce labyrinthe, des profondeurs de votre nature insondable jusqu’au sommet
grisâtre de votre quotidien. Voyez ce puits de lumière. C’est votre salut. Remontez
le courant de sa cataracte de blancheur et décrochez cette étoile qui brille
dans le ciel de vos idéaux. Vous êtes proche maintenant. Avancez lentement pour
ne pas l’effrayer. Quelques pixels vous séparent d’elle. Vous pensez vraiment
pouvoir l’atteindre ? Sa pureté
vous sera à jamais inaccessible. Vous aurez beau gaspiller votre vie à la
revivre sans relâche, une princesse ne donnera jamais son cœur à un pauvre diable.
Cet enfant, c’est vous qui ne voulez pas mourir, vous qui voulez encore y
croire, vous qui ressuscitez sans cesse sous les coups meurtriers du réel pour
aller jusqu’au bout de votre histoire. </div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-60287766228332077672013-07-20T09:07:00.000+02:002017-10-25T00:19:39.469+02:00"Like someone in love" d’Abbas Kiarostami<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHT7-OD5hzNQl-U1_DjWH9gJ28R5WDzTxslE8URAPJdbwzht6UltjVApiwIndMrh73tZa9X5IePyGzHHBy1Yp6-fiNNWY7dISZgmHEk4w7TS8-DnFtvkOQvbPUKROC_0RugL1vU9nCwQ/s1600/like-someone-in-love_fr.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHT7-OD5hzNQl-U1_DjWH9gJ28R5WDzTxslE8URAPJdbwzht6UltjVApiwIndMrh73tZa9X5IePyGzHHBy1Yp6-fiNNWY7dISZgmHEk4w7TS8-DnFtvkOQvbPUKROC_0RugL1vU9nCwQ/s320/like-someone-in-love_fr.jpg" width="240" /></a></div>
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L’amour a cent visages.
Lisse et lumineux, il semble peu se soucier des marques du temps. Les néons du
cœur vibrant de Tokyo l’emporte jusqu’au petit jour où il prend des détours sinueux,
là où la fraîcheur de la porcelaine se frotte aux nervures d’un cuir usé. Il s’éloigne
des brisées d’une sociologie vieillissante, s’enivre de la rage de comprendre,
se noie dans les larmes d’une jeunesse saoule. Il est l’innocence des première
fois et la mélancolie du dernier repas. L’amour est sans visage et se perd dans
les bruits de la rue. </div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8880147114568773361.post-52298572801519873232013-07-14T20:48:00.001+02:002017-10-24T23:50:23.594+02:00"World War Z" de Marc Forster<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitMRxrilJEXamQ0wK6qmz8-p9Dxl0fyOtJIVsI9tmROe2habXYPfkuUnD1AJ7F7tyqs_yTQXYErpQibK_hAzSOiSkZ76g7K_s-oct88XJWdqZqd1cumi0O9ufBry9lnC38SyVo18_QXQ/s1600/World-War-Z-NewPoster-654x1024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitMRxrilJEXamQ0wK6qmz8-p9Dxl0fyOtJIVsI9tmROe2habXYPfkuUnD1AJ7F7tyqs_yTQXYErpQibK_hAzSOiSkZ76g7K_s-oct88XJWdqZqd1cumi0O9ufBry9lnC38SyVo18_QXQ/s320/World-War-Z-NewPoster-654x1024.jpg" width="204" /></a></div>
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<span lang="FR"><i>World War Z</i> parle
de zombies. Ça je l’ai compris. Certains dialogues moins bien. J’ai dû demander
quelques clarifications autour de moi après le film. Ça fait plus de dix ans
que je vis à Londres et des mots m’échappent encore. Ils m’échapperont toujours.
Tout un monde m’échappe, mais au-delà des mots, tout un monde s’ouvre à moi.
Celui de l’image. L’image de <i>World War Z</i> est assez terne. Elle survole des
paysages ocre et s’enfonce dans des couloirs blancs. Et puis il y a cette image
marquante, cette étoile bleue qui semble vouloir devenir la matrice du film :
Jérusalem, un oasis assailli par la haine, un mur qui ne sauvera finalement pas
le peuple élu. Ce n’est pas au cœur de la ville sainte, mais de celui d’un centre
de recherche que l’homme trouvera le salut. C'est au cœur de la science que
notre héros s’injecte une mort certaine pour sauver l’humanité de ces
sans-cœurs avides d’éternité. Je n’ai peut-être rien compris. Je n’ai peut-être
pas assez prêté l’oreille au discours politique du film. Je me fie aux images et elles me
disent que peu importe si ceux qui ont la foi sont déjà sauvés et ceux qui ne
l’ont pas sont déjà condamnés. Le zombie finira par tous nous dévorer car il
n’est autre que cet autre qui porte en lui le plus mortel des virus : la vie.<o:p></o:p></span></div>
Sebastien Brasseurhttp://www.blogger.com/profile/04473090595271353619noreply@blogger.com0