Faussement naïf comme
une chanson pop des années 80, le film s’insinue avec grâce sur les routes
dangereusement glissantes du mélo. Puis, soudain, elle surgit, elle, la
violence. Elle surprend, déstabilise, nous gênerait presque. Heureusement Ryan
Gosling crève l’écran de ses silences et porte sur ses traits enfantins la
dureté angélique de James Dean, celui qui voulait vivre à tout prix, à cent à
l’heure, au péril de sa vie. Même dans sa démesure, le film reste à la mesure de
cet acteur hors norme et nous rappelle que le cinéma, dans ses frustrations,
ses coups de sang, ses actes manqués, ses difficultés à conclure, est avant
tout l’expression d’un désir insatisfait.
lundi 10 octobre 2011
"Melancholia" de Lars Von Trier
Tout débute par
un rêve, une pluie de passereaux, la chute d’un étalon, des scènes au ralenti,
deux femmes et un enfant, plan où l’équilibre est parfait, mais où l’homme est
absent. Il regarde. Il essaie de donner un sens à une pensée folle. Il est
cette planète lancée à grande vitesse dans le vide sidéral, mais le choc avec
l’humanité ne sera pas fatal. Il n’aura même pas lieu. Lars Von Trier n’y croit
pas vraiment et se force à plonger son film dans le néant. Cette pensée folle,
au fond, il ne l’accepte pas car il ne la comprend pas. Et c’est sans nul doute
de ce désir de donner sens à cette vision brute, vague souvenir d’un songe
incompréhensible, qu’est né ce film. Froid comme l’art abstrait, détaché comme la
mariée, sec comme sa sœur, naïf comme le mari déçu, dogmatique comme le
beau-frère, cynique comme le patron vénal, Lars Von Trier est ce qu’il dénonce.
Incapable de voir au-delà de la surface sensible, il creuse comme un acharné le
cœur des hommes qu’il ne sait pénétrer de sa raison. En diabolisant le monde et
en dénigrant l’humanité, Lars Von Trier fait preuve de peu de foi en la magie
du cinéma et la fée qui l’anime, la vie. Si comme Justine, la future ex-mariée,
il pense être convaincu de notre solitude éternelle et de notre fin inéluctable,
pourquoi ne se mure-t-il pas dans le silence ? Parce qu’il veut continuer,
à vivre, à filmer les seins plantureux de Kirsten Dunst, le visage déchiré de
Charlotte Gainsbourg, la vanité de Kiefer Sutherland, les facéties de John
Hurt, l’amertume de Charlotte Rampling. Parce qu’il veut rendre compte de ses
rêves, de l’invisible, comme ses maitres, Bergman, Tarkovsky, Fellini. Cela ne
sert à rien de déconstruire le monde et de chercher le néant dans le noir de sa
pensée. Le cinéma est fait de lumière et Dieu sait qu’elle est belle dans
Melancholia ! Que Lars Von Trier brise le carcan de son intellect, de ses
dogmes, et qu’il laisse enfin la vie s’épanouir pleinement sur l’écran, celle
qu’il chérit tant, tout comme ses actrices, toutes les femmes de sa vie et
celle qu’il, entre toutes, aime à la folie : l’humanité.
"Arrietty" de Hiromasa Yonebayashi
Les yeux tournés
vers le ciel, elle se sent si minuscule, presque invisible, face à son désir,
ce géant, ce soleil qui ne pourra malheureusement jamais pénétrer son secret. A
jamais exclue du monde des hommes, la muse est cependant heureuse d’avoir su braver
sa peur et supporter le regard de l’impossible.
"La piel que habito" de Pedro Almodóvar
Isolée au sein d’un
corps étranger, la conscience fait son monologue intérieur dans un silence de
cathédrale, vit sa vie sans pouvoir sonder son propre cœur et observe son
semblable comme une bête fauve, le reflet d’un reflet dans un miroir déformant.
Des yeux sans visage. Dans le corps de l’un, dans le corps de l’autre, la
solitude cherche vainement une fin à son histoire.
Inscription à :
Articles (Atom)