dimanche 28 août 2011

"Super 8" de J.J. Abrams


Une scène sur le quai d’une gare est le banc d’essai d’un film amateur qui prend à cœur d’embrasser la réalité de la fiction. Une jeune actrice y passe une audition pour devenir une fleur, aussi rare que fragile, au milieu d’un désert cinématographique. Hollywood s’émerveille puis s’égare dans la parodie d’un miracle. Après avoir brièvement senti le parfum capiteux des années 80, il s’éloigne des mystères de ces films monstres qui arrachèrent ses premières larmes au cinéma de masse. Super 8 est de notre temps. Il perd en chemin l’émotion qui l’a tant inspiré à croire que le charme de l’enfance n’a jamais de seconde chance.  

"Le Dernier Maître de l’Air" de M. Night Shyamalan


D’Eric Rohmer à Krzysztof Kieslowski, d’Ingmar Bergman à Andrei Tarkovsky, de Martin Scorcese à Terrence Malick, personne ne contestera à ces réalisateurs leur esprit tout à la fois critique et ouvert à la spiritualité. M. Night Shyamalan fait partie de ces cinéastes qui, malgré une certaine maladresse rhomérienne parfois, n’a jamais cessé d’explorer, contre les vents et marées de la critique, le rapport complexe de l’homme et de la foi, même dans ses films les plus commerciaux. Entre soi-disant pudibonderie et philosophie de comptoir, il nous souffle à l’oreille cette terrible vérité: il n’y a pas de salut pour l’individu qui se dirige égoïstement vers sa propre fin. Il n’y a que son prochain, son amour, son mystère, ce qui dépasse l’imagination pour que nos espoirs, nos illusions, la fiction, prennent chair. Il veut nous faire croire à l’incroyable, nous faire ressentir, comprendre, comme cette immense vague d’émotions soulevée par le dernier Maître de l’Air, que la vie est un acte de foi en l’autre, que le destin de l’homme ne peut dépendre d’un être providentiel, bien qu’il n’en pense pas moins. La vérité nait ainsi d’un conflit intérieur, d’une remise en cause et d’un renforcement de sa propre foi, du choc d’une image et d’une myriade de regards, entre ces lignes, dans nos pleurs, entre ces mots que j’écris et ceux que vous lisez, entre l’un et l’invisible.

"Poetry" de Lee Chang-Dong

La mort d’un être,
La mort d’un fils.
La vie, un édifice,
Détruit, ne fait que renaitre.

Je voudrais être celle qui,
A force d’être,
Survit à l’oubli,
Au hasard.

Je voudrais renaitre
Des cendres de mes écrits.

Je voudrais épouser ce regard
Qui dans la nuit me poursuit.