dimanche 31 juillet 2011

"Harry Potter et les reliques de la mort - partie 2" de David Yates


Harry est arrivé au bout de son histoire, de son adolescence. Il a réussi à accepter la mort, il en a fini avec la magie, le fantastique, ses rêves de puissance. Il a accepté de rester sur le quai et laisser partir le train de la vie, sans lui. Si les fans pleurent c’est parce qu’ils nourrissent comme Harry le désir de devenir le maitre de leur destin avant que celui-ci ait le mot de la fin. Si les éternels adolescents pleurent c’est parce que le véritable héros de cette histoire, Voldemort, a capitulé, celui qui laissa sa marque sur le front d’Harry, celui qui en fit un être exceptionnel, torturé, ambigu, son père spirituel, son guide, celui qui voulait vivre au-delà de la mort. Il a été vaincu, mais vive celui sans qui aucune histoire vaudrait d’être vécue, sans qui la vie n’aurait pas de sens, sans qui Harry serait à jamais resté, tout comme son meilleur ennemi, dans l’enfance !

"Le Bûcher des vanités" de Brian de Palma


C’est l’histoire d’un homme à qui tout réussit. C’est un magnat de la finance, un homme fortuné, en amour et en argent, un homme au dessus du lot, des lois, de tout soupçon jusqu’au jour où, pour une histoire de cul, un accident de parcours, une aventure qui tourne mal à l’autre extrémité du spectre social, sa vie bascule dans le scandale, l’avanie, une affaire qui ravive les clivages de classes, de races, des sexes, qu’ils soient le fruit du réel ou de l’imagination. Il fait la fortune des médias qui, d’un jour à l’autre, passent du crime raciste à l’erreur judiciaire, pour faire du papier, de l’audience, du bruit, peu importent les faits, peu importe la vérité. C’est pourtant elle qui excite la curiosité, l’impatience d’en savoir davantage, le voyeurisme, le lecteur, le journalisme, la justice, tout ce petit monde qui voudrait la connaitre, mais qui sait bien qu’il ne pourra percer le secret de ce qui ne relève probablement plus des faits. Alors on s’empresse de lire la presse et se goinfre de ses conjectures, se remplit de cet espoir illusoire de déjouer un jour le mystère d’une affaire qui ne sera jamais résolue. C’est dans les interlignes, les sous-entendus, les contradictions de tout ce marasme, au cœur de la fiction, du mensonge, de l’histoire, de la justice, que chacun trouve, entre fantasmes et réalité, sa part de vérité. 

jeudi 14 juillet 2011

"The Tree of Life" de Terrence Malick

La vie est un geste ample qui embrasse l’histoire des hommes. L’homme voudrait la saisir, la comprendre, mais comme l’eau, elle lui coule entre les doigts. Tant de plaisirs elle procure jusqu’au jour où elle emporte vos espoirs, vos illusions, un enfant. Chaque inspiration est un poison, chaque expiration, le souffle d’un volcan, chaque pas celui du renoncement. L’homme prend alors ses distances, observe, les yeux remplis de larmes, la vie suivre son cours, sans lui, lui qui filme les acteurs de sa vie, lui qui regarde un écran en attendant de vivre ; lui qui attend que la mort le surprenne, il donne sa peine à vivre au cinéma.

dimanche 3 juillet 2011

"Le Mépris" de Jean-Luc Godard


La plus belle scène du film est un voyage en barque vers l’infini. L’émotion envahit le visage ordinairement arrogant de Michel Piccoli. Amour transi, amour violent, son regard brille de ce feu que sut si bien capter Claude Sautet. Il caresse une dernière fois la douce image de Brigitte Bardot qui semble, dans ce plan hors du temps, avoir échoué par accident sur les rives d’un film de Joseph Losey. L’œil pénètre doucement dans le subconscient d’Alberto Moravia, une grotte aux mille facettes vermeilles. Piccoli pose le pied sur le rivage vierge de ce film jusqu’ici solaire et s’émerveille de cette explosion de couleurs sanguines, espérant, dans la solitude de cette caverne isolée, faire renaître une passion oubliée. Il se retourne vers l’onde obscure, tendant les mains vers celle qui constitue l’intrigue, l’histoire, le cinéma, mais ne fait face qu’à un écran noir d’où ne jaillit aucune lumière. Nous attendons désespérément avec lui que se réveille de ce cœur de pierre la braise qui enflamma le cinéma d’Elia Kazan, mais le silence règne sur cette scène qui ne fut qu’un rêve.