samedi 19 février 2011

"True Grit" des frères Coen

 
J’ai vu True Grit en version originale non sous-titrée avec un Jeff Bridges parlant dans sa barbe et une jeune actrice, Hailee Steinfeld, ne mâchant pas ses mots. Peu importe si j’ai compris ou non tous les dialogues dont beaucoup salueront la finesse, mon attention était fixée sur ce visage d’enfant égaré dans un film d’hommes. L’héroïne, meurtrie par la perte de son père abattu pour quelques deniers, veut venger l’enfance qu’elle a perdue avec lui et part à la recherche du lâche qu’elle désire faire pendre. Il n’est justement pas innocent que le producteur exécutif du film soit Steven Spielberg, lui qui, pour sauver l’enfance, se donne un malin plaisir à la martyriser dans la plupart de ses films. True Grit raconte l’histoire de cette jeune fille en quête d’une nouvelle figure paternelle et, en filigrane, de son éveil sexuel. Les frères Coen entretiennent l’ambigüité tout le long du film, emportant la nymphette et le spectateur dans une chevauchée exténuante vers les étoiles, lourde en symboles subtils, au milieu des grands enfants du Western, le Texas Ranger propre sur lui, Matt Damon, et l’U.S. Marshal, répugnant alcoolique, Jeff Bridges. Le metteur en scène bicéphal nous invite à son Pique-nique à Hanging Rock où une trop jeune fille est marquée à vie par le baiser du serpent et dont la fin nous laisse à penser que la sexualité ne s’épanouit que dans le cœur de l’adulte qui sait rester un enfant.

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